La Corrèze.

~ U N E ~ H I S T O I R E ~ D ' E A U ~

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Et des histoires de Trolls, d'Elfes et de coloquintes sur les pages Islande, Norvège, et Lybie.



Le NIL :

Avec une longueur d'environ 6 700 km, c'est, avec le fleuve Amazone, le plus long fleuve du monde. Il est issu de la rencontre du Nil Blanc et du Nil Bleu. Le Nil blanc prend sa source au lac Victoria, Ouganda, Kenya, Tanzanie ; le Nil bleu est issu du lac Tana, Éthiopie. Ses deux branches s'unissant à Khartoum, capitale du Soudan actuel, le Nil se jette dans la Méditerranée en formant un delta au nord de l'Égypte. En comptant ses deux branches, le Nil traverse le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie, l'Ouganda, l'Éthiopie, le Soudan du Sud, le Soudan et l'Égypte. Il longe également le Kenya et la République démocratique du Congo, respectivement avec les lacs Victoria et Albert, et son bassin versant concerne aussi l'Érythrée grâce à son affluent du Tekezé. Le Nil joua un rôle très important dans l'Égypte antique, du point de vue économique, social, c'était autour de lui que se trouvaient les plus grandes villes, agricole, grâce au précieux limon des crues, et religieux. C'était et c'est toujours le fleuve nourricier du peuple d'Egypte. De nos jours, les eaux limoneuses du Nil sont captées et redistribuées sur les terres agricoles grâce aux barrages de Ziftah, d'Assiout, d'Hammadi, d'Esna et surtout des deux barrages géants d'Assouan, l'ancien et le grand barrage, dont la construction dans les années 1970 a nécessité le déplacement de plusieurs temples, dont ceux d'Abou Simbel, qui, sans cela auraient été noyés dans la retenue du lac Nasser.

L'EAU DU NIL, aujourd'hui :

La situation géopolitique du bassin du Nil a brusquement changé avec l'annonce officielle par l'Ethiopie de la mise en chantier du barrage de la Renaissance, sur le Nil Bleu. Cette décision a réveillé en Egypte la peur viscérale de manquer d'eau, avivant les tensions régionales autour du contrôle du fleuve.
En tant que président de la République, je vous confirme que toutes les options sont sur la table, menaçait le président égyptien Mohamed Morsi le 10 juin 2013. L'Egypte est un don du Nil, et le Nil est un don de l'Egypte. La réaction du Caire face à la décision d'Addis-Abeba de construire le barrage de la Renaissance sur le Nil Bleu s'explique par le sentiment que la vie de l'Egypte est suspendue à ce cordon fluvial.
L'Ethiopie n'est pas intimidée par la guerre psychologique menée par l'Egypte et ne suspendra pas une seule seconde la construction du barrage, a rétorqué le lendemain Mme Dina Mufti, la porte-parole du ministère des affaires étrangères éthiopien. Le pays rejette l'idée d'un droit historique de l'Egypte sur les eaux du Nil, évoquant plus volontiers des droits coloniaux illégitimes.

L'Egypte, puissance déchue :

Ignorée voire méprisée durant les deux derniers siècles, l'Ethiopie, d'où part 80 % des eaux du Nil, entend imposer une vision différente du bassin du fleuve et un autre partage de ses eaux.
Après avoir été pendant près de deux siècles la puissance dominante dans le bassin du fleuve, l'Egypte subit les bouleversements récents du Proche-Orient, l'affaiblissement continu de son économie et l'interruption de son développement. Autant de facteurs qui la ramènent au statut de simple Etat riverain du Nil, dépossédé de toute capacité d'action.
Pays exutoire du fleuve, l'Egypte dépend totalement de l'étranger pour son approvisionnement en eau, assuré presque exclusivement par le Nil, qui prend ses sources à plusieurs centaines de kilomètres de ses frontières sud : en Ethiopie pour le Nil Bleu, le Sobat et l'Atbara, avec environ 80 % de la crue globale, et en Ouganda pour le Nil Blanc, qui fournit les 20 % restants.
Jusqu'à présent, le volume d'eau du Nil dont dispose l'Egypte correspondait à la part définie par les termes des accords de 1959 signés avec le Soudan sur le partage des eaux, respectivement de 55,5 et 18,5 milliards de mètres cubes d'eau par an. L'apport annuel moyen du fleuve étant de 84 milliards de mètres cubes, les 10 milliards restants correspondent au volume de l'évaporation au niveau du lac Nasser, créé par la construction du barrage d'Assouan, qui fut mis en eau en 1964. Ainsi, aucune part n'a été réservée à l'Ethiopie ni aux autres pays de l'amont du bassin du fleuve.
Les possibilités de maintenir à plus long terme la disponibilité en eau à un niveau suffisant sont assez limitées. Si les perspectives d'amélioration de la gestion des ressources à court terme semblent ténues, la seule voie envisageable serait la construction d'une série de grands ouvrages hydrauliques, laquelle dépend en premier lieu de la bonne volonté des pays contrôlant les sources du fleuve. Or l'Ethiopie s'oppose à tout travail hydraulique commun avant la conclusion d'un nouveau partage.

Réussites diplomatiques pour l'Ethiopie :

Pis, en 2010, l'Ethiopie a obtenu la signature d'un traité réorganisant les modalités de gestion des eaux du fleuve et des projets de construction, le New Nile Coopérative Framework Agreement. Le Burundi, le Kenya, l'Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie l'ont déjà approuvé. Ce texte prévoit la création d'une commission, regroupant tous les Etats riverains signataires, chargée de valider ou de rejeter les projets de grands travaux hydrauliques, qu'il s'agisse de barrages, de canaux ou de tout autre ouvrage ayant un impact sur le cours, le volume ou la qualité des eaux du fleuve.
Cette alliance entre six des neuf membres de l'Initiative du bassin du Nil, le forum regroupant les Etats riverains chargé de trouver des solutions pratiques et d'élaborer des projets communs, bouleverse la zone. L'Egypte avait refusé de l'approuver s'il n'était pas spécifié que les signataires s'engageaient à ne pas modifier les partages actuels des eaux et reconnaissaient les droits historiques des pays de l'aval (Soudan et Egypte). Elle se retrouve ainsi privée d'un droit de regard sur le barrage de la Renaissance, objet de la discorde et, pour la première fois de son histoire, d'un droit de veto qu'elle croyait naturel.
Le choix par Addis-Abeba du nom de ce barrage n'est pas anodin. Ce qui se joue est bien la renaissance de l'Ethiopie comme puissance régionale munie des attributs qui lui avaient manqué jusque-là. Une Ethiopie forte, jouant un rôle géopolitique de premier plan dans ses trois zones d'influence : la mer Rouge, le bassin du Nil et l'Afrique de l'Est. Ce rôle, elle a montré sa capacité à l'assumer à deux reprises au cours des trente dernières années.
Au Soudan, d'abord. Addis-Abeba a réagi au chantier de creusement du canal de Jonglei, qui était déjà réalisé sur plus de 150 kilomètres sur les 360 prévus, en rallumant en 1983 la guerre entre le Nord et le Sud, indépendant depuis 2011, ainsi qu'en hébergeant et en armant l'Armée populaire de libération du Soudan (APLS) de John Garang.
En Somalie, l'Ethiopie s'est totalement investie dans la guerre civile contre les mouvements armés dits islamistes, avec le soutien des puissances occidentales soucieuses d'empêcher la création d'un Etat islamiste à l'entrée de la mer Rouge.
Par ailleurs, l'arrivée de la Chine dans la région l'a libérée de la nécessité de respecter les obligations imposées par les institutions financières internationales et par les Etats-Unis, dont celle d'obtenir l'accord de l'ensemble des pays du Nil, et en particulier de l'Egypte, avant de recevoir les fonds nécessaires à de grands travaux hydrauliques sur le fleuve et ses sources éthiopiennes.
Enfin, ses réussites diplomatiques, soit l'alliance avec cinq pays de l'amont du bassin du Nil (New Nile River Coopérative Framework Agreement), lui ont donné l'occasion de sortir de son isolement hydro politique. Un tel succès est d'autant plus remarquable qu'Addis-Abeba a obtenu un double soutien d'une grande importance stratégique. D'abord, celui du tout jeune Etat du Soudan du Sud, qui se prépare à signer le nouveau traité sur les eaux du Nil promu par l'Ethiopie ; et, plus étonnant, celui de Khartoum, traditionnellement allié du Caire pour tout ce qui concerne la gestion des eaux du Nil.

Mettre le Soudan à l'abri des inondations :

C'est que le Soudan espère bénéficier ainsi de trois avantages. D'abord, de l'électricité. Ensuite, d'une augmentation de ses capacités d'irrigation et de grands projets agricoles communs avec l'Ethiopie. Alors que la possibilité d'utiliser les eaux du nouveau réservoir en Ethiopie reste limitée à cause du relief accidenté, le Soudan, qui se situe en aval du barrage, dispose de très vastes surfaces irrigables. Enfin, la régulation de la crue du fleuve protégera le pays, surtout l'Est, la région agricole d'Al-Jazirah et la grande agglomération de Khartoum, des inondations chroniques.
Avec le barrage de la Renaissance et sa grande capacité de production d'électricité, de l'ordre de 6 000 mégawatts à partir de 2015-2016, l'Ethiopie atteindra une autosuffisance énergétique appréciable, et deviendra même fournisseuse d'électricité aux autres pays du bassin, essentiellement les deux Soudan, et peut-être même l'Egypte.
Compte tenu de sa position géographique, le barrage pourra difficilement participer au développement de l'irrigation, et donc de la production agricole sur les hauts plateaux situés plus en amont ainsi que dans les régions méridionales et orientales du pays. Mais une partie de l'eau stockée dans le lac, qui pourra atteindre jusqu'à 63 milliards de mètres cubes, devrait être utilisée pour la création de nouveaux grands périmètres irrigués autour du lac, en aval du barrage, certaines études évoquent 500 000 hectares, et à l'intérieur du Soudan, en coopération avec ce dernier.
Faire de leur pays une grande puissance régionale, exportatrice d'électricité et productrice-exportatrice de denrées agricoles et alimentaires, telle est l'ambition des maîtres de l'Ethiopie.

L'EAU DU NIL, deux siècles de conflits :

Le Caire s'est toujours efforcé d'exercer un contrôle, direct ou indirect sur les sources du Nil. C'est pour cette raison que le vice-roi d'Egypte, Mohammed Ali, envoya son armée occuper le Soudan dès le début du XIXe siècle.
Pour revendiquer des droits historiques sur le Nil, l'Egypte rappelle souvent les différents accords portant sur la gestion de sa crue. Le 15 mai 1902, un accord relatif aux frontières entre le Soudan anglo-égyptien, l'Ethiopie et l'Erythrée fut signé à Addis-Abeba entre le Royaume-Uni et l'Ethiopie, et entre l'Ethiopie et l'Italie. Dans l'article III de ce traité, l'empereur Ménélik II s'engageait à ne pas autoriser l'édification d'ouvrages sur le Nil Bleu, le lac Tana ou la rivière Sobat qui pourraient interrompre le débit de leurs eaux dans le Nil sans l'accord de Londres et du gouvernement du Soudan.
Mais le premier véritable traité de partage des eaux du Nil fut signé en 1929 entre l'Egypte, formellement indépendante, et le Soudan représenté par Londres, puissance occupante. Par ce traité, Khartoum s'engageait solennellement à ne rien entreprendre qui puisse modifier le débit, le niveau du Nil ou la date d'arrivée de sa crue. Cet accord fixait les droits de l'Egypte et du Soudan à ce qui fut appelé les droits acquis des deux pays. Ils étaient alors respectivement de 48 milliards et 4 milliards de mètres cubes d'eau par an, selon les résultats des travaux de la commission du Nil de 1925.
Le traité stipulait aussi que Le Caire gardait un droit de surveillance sur l'ensemble du Nil, de son embouchure à ses sources, ainsi que le droit de diriger les recherches et l'exécution de tout projet qui pourrait se révéler avantageux pour elle. L'Ethiopie rejettera cet accord qui privait du droit d'utiliser les eaux du Nil Bleu et des autres affluents du Nil. Après l'indépendance de leur pays en 1956, les Soudanais réussirent à imposer à l'Egypte, qui cherchait alors à construire le haut barrage d'Assouan, une révision de l'accord et un nouveau partage fut signé en 1959. Les points les plus importants de ce traité étaient :
1. le partage des eaux du Nil à raison de 55,5 milliards de mètres cubes pour l'Egypte et de 18,5 pour le Soudan ;
2. l'acceptation par le Soudan du projet égyptien de construction du haut-barrage ;
3. l'engagement par l'Egypte de compenser le déplacement des Nubiens soudanais dont le déplacement devenait indispensable ;
4. l'acceptation par l'Egypte de la construction de deux barrages soudanais : Roseires sur le Nil Bleu et Khachm al-Guirba sur l'Atbara.
Avec la construction du haut barrage d'Assouan, l'Egypte a constitué une grande réserve d'eau, environ 165 milliards de mètres cubes, soit trois fois la quote-part égyptienne du débit annuel des eaux du Nil, localisée à l'intérieur du territoire égyptien pour sa plus grande partie et qui le prémunissait contre toute tentative de pression en provenance des régions méridionales du fleuve.
L'Ethiopie a fait connaître dès 1954 sa ferme opposition au projet du haut barrage d'Assouan. Elle exprima dans un communiqué officiel de son ministère des affaires étrangères, en date du 6 février 1956, l'intérêt tout particulier qu'elle portait aux projets internationaux concernant l'utilisation des eaux du Nil auxquels l'Ethiopie apporte une si importante contribution et annonça la ferme intention du gouvernement impérial de procéder prochainement à l'exploitation des richesses hydrauliques considérables du pays. Cette déclaration publique fut suivie par une note officielle, adressée aux missions diplomatiques sises au Caire, dans laquelle Addis-Abeba se réservait le droit d'usage des eaux des sources du Nil situées dans son territoire au bénéfice de sa propre population.
Quand les accords de 1959 entre Le Caire et Khartoum furent signés, Addis-Abeba les rejeta en accusant les deux Etats signataires d'avoir agi sans concertation. L'Ethiopie affirma alors qu'aucune concession ne sera[it] faite à des Etats qui, pourtant situés plus en aval, lui refusaient un droit sur ses eaux.
Habib Ayeb Courrier International et le monde diplomatique juillet 2013.

DE L'EAU partout dans le monde :

Pour Alain Gachet, On va pouvoir trouver de l'eau partout dans le monde.
Dans la zone très aride du nord du Kenya, la découverte en 2013 d'un gigantesque gisement d'eau qui s'étend sur une centaine de kilomètres, l'un des plus grands d'Afrique, deux cents milliards de mètres cubes, est une aubaine dans un pays où plus d'un tiers des 41 millions d'habitants n'a pas accès à de l'eau salubre. Il s'agit d'un aquifère renouvelable alimenté par les pluies annuelles, importantes mais de très courtes durées, laissant la terre se craqueler tout le reste de l'année. Cette exploration, menée sous l'égide de l'Unesco et de l'État kényan avec des financements japonais, ne doit absolument rien au hasard. Derrière ce travail se trouve un Français qui a mis au point un outil de détection quasi unique en son genre. Il permet de trouver l'eau des sous-sols, presque partout où il y en a. Rebaptisé par certains sourcier des temps modernes, Alain Gachet vole aujourd'hui de mission en mission, tout particulièrement en Afrique, à la recherche de l'or bleu.
Les premiers pas professionnels de cet ingénieur des mines l'avaient tout naturellement dirigé vers la recherche de gisements de pétrole durant une vingtaine d'années. En 1990, la chute du mur de Berlin va donner une tout autre tournure à sa carrière. Les données satellitaires de la Nasa sont alors déclassifiées, et notamment les milliers d'images cartographiant la planète. Les Américains cherchaient à repérer des arsenaux militaires, mais ces photos vont surtout aider Alain Gachet, devenu consultant indépendant, dans sa recherche de pétrole. Avant de lui servir à trouver de l'eau. En regardant des images de Tripoli, je me suis aperçu que l'on pouvait repérer des fuites d'eau dans les systèmes souterrains, raconte l'ingénieur. En 2002, sa religion est faite: il abandonne le pétrole et s'intéresse définitivement à l'eau.
Les rayons des radars sont sensibles à l'humidité», explique-t-il. Des zones de brillance apparaissent sur les cartes, le seul inconvénient est que l'on peine à différencier l'eau de la roche. Et c'est là qu'intervient la technique particulière mise au point par Alain Gachet. De la géophysique au sens large, dont on extrait une grille de probabilités sur l'existence ou non d'une nappe et la profondeur à laquelle elle se trouve.
Alain Gachet, pour sa part, est déjà parti pour un autre pays. L'Éthiopie, voisine du Kenya, où nous sommes à deux doigts d'annoncer quasiment la même découverte, lance-t-il, enthousiaste.
Décembre 2013

SOUS LES OCEANS du monde :

Sous le plancher océanique dorment, parfois depuis des millions d'années, de vastes réserves d'eau douce ou peu saline, qui pourraient être exploitées par les pays où les ressources en eau sont rares. C'est ce que suggère une étude internationale (Australie, Pays-Bas, Etats-Unis et Royaume-Uni) publiée, jeudi 5 décembre, dans la revue Nature. Ces réservoirs sous-marins, loin d'être marginaux, sont au contraire un phénomène global à l'échelle de la planète, décrivent Vincent Post (université Flinders d'Adelaïde) et ses collègues. Toutefois, il ne faut pas s'imaginer de grandes étendues d'eau pure et limpide. Il s'agit en réalité d'eau saumâtre, mais beaucoup moins chargée en sel que celle des océans, présente, en grande quantité, dans les sédiments formant des aquifères à l'intérieur du plateau continental, c'est-à-dire du prolongement immergé des terres.

Glaciations et décharges :

Ces aquifères résultent de la combinaison de plusieurs processus, expliquent les chercheurs. D'abord, lors des périodes glaciaires, accompagnées d'une baisse du niveau des mers, les plateaux continentaux, alors à découvert, ont été exposés aux précipitations qui s'y sont infiltrées en profondeur. Pour une grande part, les eaux stagnant sous les fonds marins datent ainsi des glaciations du Pliocène et du Pléistocène, il y a de cela 5,3 à 2,6 millions d'années. Ensuite, il existe en permanence, c'est-à-dire aussi de nos jours, des phénomènes de décharge des aquifères terrestres vers les aquifères océaniques, les eaux souterraines s'écoulant des uns vers les autres. Ce transfert peut s'effectuer sur de très longues distances, jusqu'à plus de 100 kilomètres des côtes. Enfin, notent les chercheurs, aux hautes latitudes, la fonte des calottes polaires contribue aussi probablement à l'apport d'eau douce.

Très grandes incertitudes :

En compilant la littérature scientifique et les données issues, notamment, des forages pétroliers, les auteurs ont calculé que le sous-sol marin recèlerait, au total, 500 000 km3 d'eau faiblement salée. Soit près de trois fois le volume des eaux douces de surface (lacs, fleuves et rivières). Un stock selon eux 100 fois supérieur à la quantité d'eau prélevée depuis 1900 dans les aquifères terrestres. Autrement dit à l'ensemble de la consommation humaine (irrigation, usages industriels, eau potable) sur plus d'un siècle. Ils précisent toutefois que, faute de données suffisantes, cette évaluation est entachée de très grandes incertitudes.
L'existence d'aquifères au sein du plateau continental est connue de longue date. L'intérêt de cette étude est de quantifier leur potentiel, commente Pierre Cochonat, directeur scientifique adjoint de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), sans se prononcer sur le chiffrage avancé par les chercheurs.
Alors que les ressources en eau sont très inégalement réparties sur la planète, 50 pays, soit 750 millions d'habitants, sont en situation de stress hydrique, moins de 1 700 m3 d'eau par an et par habitant, et que la croissance démographique, conjuguée au réchauffement climatique, risque de placer plus d'un milliard d'humains en situation de pénurie, moins de 1 000 m3 d'eau par an et par habitant, ces vastes gisements peuvent apparaître comme une manne providentielle.

Usines de dessalement :

Dans les régions déficitaires en eau, ces réservoirs saumâtres pourraient alimenter, plus avantageusement que l'eau de mer, des usines de dessalement, pensent les chercheurs. C'est ce que fait déjà, depuis 1998, le comté américain de Cape May, New Jersey, qui tire une partie de son approvisionnement en eau potable d'un tel aquifère. De façon plus générale, ils pourraient offrir une alternative à l'exploitation des nappes phréatiques continentales, parfois en cours d'épuisement, avec, dans les régions côtières, des risques d'affaissement de terrain et de submersion.
Pour autant, soulignent les auteurs de l'étude, si ces réserves naturelles peuvent devenir dans le futur une ressource d'une importance stratégique, elles ne sont pas la réponse à la crise globale de l'eau.. Un sentiment partagé par Pierre Cochonat. Il en va pour l'eau comme pour le pétrole, ces ressources sont en grande partie non renouvelables. Une fois qu'on les aura épuisées, que fera-t-on ? Les nappes d'eau douce des abysses ne sauraient exempter d'une gestion plus économe du précieux liquide.

L'EGOUT, C'EST LA CONSCIENCE DE LA VILLE, écrivait Victor Hugo dans Les Misérables :

Dans les années qui ont précédé sa mort, en 1884, Paris fut ravagé par une vague d'épidémies mortelles, dont le choléra et la typhoïde, qui fit des milliers de victimes. La surpopulation, la pauvreté et le débordement des égouts combinés s'avérèrent fatals. Près d'un enfant sur cinq mourait avant d'avoir un an, soit davantage qu'aujourd'hui dans des pays comme le Mali ou le Niger. La plupart succombaient à la diarrhée.
Vers la fin du XIXe siècle, de grands témoins de la condition sociale, tel Louis Chevalier, décrivirent l'immense détresse des quartiers pauvres. Dans les vingt ans qui suivirent, les autorités investirent massivement dans la fourniture d'eau salubre et un réseau d'assainissement dans les quartiers pauvres. Au début du XXe siècle, Paris put ainsi se prévaloir du taux de mortalité infantile le plus bas d'Europe.
De nos jours, à Paris, l'eau potable et l'assainissement sont considérés comme un droit traduisant une exigence fondamentale de justice sociale. Les enfants ne meurent plus de diarrhée, de typhoïde ou de choléra, et les femmes ne commencent plus leur journée en se rendant à la Seine pour y puiser la ration d'eau nécessaire aux tâches ménagères du jour. Les droits de l'homme sont protégés par des normes internationales qui assurent la dignité de tous et de chacun. Le droit à la santé a été reconnu dès 1946 dans la Constitution de l'Organisation mondiale de la santé. Puis, le Comité des droits économiques, sociaux et culturels affirmera que l'accès à l'eau et à l'assainissement est déterminant pour le droit à la santé.

À l'aube du XXe siècle, plus d'un milliard de personnes n'ont pas accès à l'eau salubre,
et 2,4 milliards ne disposent ni de toilettes ni d'évacuation des eaux usées :

N'avoir accès ni à l'eau ni à l'assainissement est un doux euphémisme pour désigner une violation flagrante des droits de l'homme. Les hommes et les femmes qui vivent dans les taudis de Manille, Bombay ou Nairobi doivent déféquer dans des seaux ou des fossés au bord des chemins. Au Burkina Faso ou au Mozambique, il n'est pas rare pour une femme ou une jeune fille de consacrer quatre heures par jour à la collecte et au transport de l'eau. Dans la plupart des pays en développement, les habitants des zones rurales et des bidonvilles redoutent encore les maladies infectieuses transmises par l'eau qui terrorisaient les Parisiens il y a plus d'un siècle.
Plus vulnérables, les enfants sont en première ligne de la crise mondiale de l'eau. Cette année, les déficits jumelés en eau et en assainissement en tueront deux millions. La plupart souffriront de sévères diarrhées. Derrière ces chiffres se cachent les visages de parents et d'enfants privés du droit le plus fondamental : le droit à la vie.
Ce n'est hélas que la partie visible de l'iceberg. Les maladies liées à l'eau sont de puissants facteurs de pauvreté. Bon nombre de pays inscrivent aujourd'hui le droit à l'éducation dans leur Constitution. Que signifie ce droit pour une fillette qui doit puiser de l'eau plutôt qu'aller à l'école ? Comment des enfants anéantis par la diarrhée et la malnutrition pourront-ils réaliser leur potentiel en matière d'éducation ?

Des Objectifs :

En adoptant les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), la communauté internationale s'est engagée à réduire de moitié d'ici à 2015 la proportion de la population mondiale vivant sans eau salubre ni assainissement. Aussi limité que cet objectif puisse paraître, nous sommes désespérément loin du compte. Or, ce n'est pas au-dessus de nos moyens. En posant des canalisations, en installant des robinets et en évacuant les eaux usées ménagères, on épargnerait un million de vies en dix ans. Les 10 milliards de dollars par an qu'il en coûterait représentent une semaine de dépenses militaires dans le monde. Alors, qu'est-ce qui nous empêche de le faire ? Qui a les moyens de payer l'eau ? Presque tous les pays la subventionnent. Les plus pauvres, n'étant pas raccordés, ne peuvent bénéficier des subventions. Pis : à la merci des commerçants, les pauvres paient plus pour obtenir moins. Dans des bidonvilles tels que Kibera, à Nairobi, ils paient leur eau cinq fois plus cher que les ménages à haut revenu du Kenya. Le prix du litre d'eau dans nombre de bidonvilles africains est plus élevé qu'à Paris ou à Londres.
Que faire ? L'édition 2006 du Rapport mondial sur le développement humain, intitulée : Au-delà de la pénurie : puissance, pauvreté et crise mondiale de l'eau, suggère quelques pistes. D'abord, légiférer pour faire de l'eau un droit de l'homme à part entière. Tout être humain devrait pouvoir disposer d'au moins vingt litres d'eau salubre par jour, gratuitement pour les pauvres. Ce n'est pas utopique.
L'Afrique du Sud a promulgué une loi sur le droit à l'eau, qui contraint les fournisseurs à réduire les inégalités héritées de l'apartheid. Cela ne résout pas les questions financières, mais la plupart des pays peuvent mieux faire en combinant judicieusement dépenses publiques et subventions ciblées, comme cela a été démontré en Ouganda, au Bangladesh et au Sénégal. Ensuite, les gouvernements doivent élargir l'accès à l'eau et l'assainissement en parant aux inégalités. Un droit doit être étendu à tous, quel que soit le niveau de revenu. C'est pourquoi, en sus de l'objectif déjà fixé par les OMD, nous proposons de viser à réduire de moitié l'écart en matière de fourniture d'eau entre les riches et les pauvres. Enfin, les gouvernements au Nord doivent se montrer plus déterminés. Il y a trois ans, à Evian, le G8 s'est engagé en faveur d'un plan d'action mondial pour l'eau. Depuis, on attend encore une action d'envergure. L'aide internationale consacrée à l'eau et à l'assainissement est moindre qu'il y a dix ans, et représente moins de 5 % du total. En la doublant pour atteindre 8 milliards de dollars par an, il est possible de lancer des plans nationaux crédibles.
À moins de dix ans de l'échéance 2015, force est de constater l'ampleur du défi qui reste posé. Ce ne sont ni les difficultés financières ni les problèmes techniques qui feront que nous saurons ou non nous hisser à sa hauteur. Il s'agit de savoir quelle importance nous accordons à la vie des plus vulnérables de notre planète. C'est un test de notre sérieux à l'égard des droits de l'homme et une mesure de notre humanité.

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