Voyages de Daniel Ginibriere, rêve, évasion, légendes, aventure.

~ Q U E L Q U E S ~ E X P L O R A T E U R S ~

Ecologie, urbanisme futuriste, climat
et quelques photos insolites
L'arme nucléaire et
la première bombe anatomique
La navrante ascension de l'intégrisme religieux
ou ceux qui ont joué avec le feu
Le conflit Israélo-Palestinien
articles de presse
Israël, une histoire d'eau
de pétrole et de gaz
Retour à l'accueil La Corrèze,
d'hier à aujourd'hui
Une hitoire
d'eau
Des riches
et des pauvres
Henry Ford,
Portrait en noir et blanc

Et des histoires de Trolls, d'Elfes et de coloquintes sur les pages Islande, Norvège, et Lybie.



L'Arctique

Erik le Rouge :

est un explorateur norvégien né en 950 et mort en 1010, resté dans l'histoire pour avoir fondé la première colonie européenne au Groenland qui fut narré plus tard dans la Saga d'Erik le Rouge. Son fils, découvrit et installa une colonie sur les terres encore plus à l'ouest que l'on pense être située sur l'actuelle Terre Neuve. Son père fut banni de Norvège à la suite d'un meurtre, il s'installe au nord-ouest de l'Islande vers l'an 970. Erík le Rouge est à son tour banni d'Islande pour un meurtre; il part alors pour des terres que seuls quelques Européens avaient déjà vues avant lui. Erik appela cette terre qui connaissait un climat plus favorable au début du deuxième millénaire du nom de Groenland qui veut dire terre verte dans le but d'y attirer des colons. Il s'installe autour de l'actuelle ville de Qaqortoq. De retour en Islande après les trois années d'exil qu'il passe à explorer la côte orientale du Groenland, il prépare la colonisation des terres qu'il a découvertes. Les premiers colons sont au nombre de 450. Plus tard, leur nombre s'élève à environ 5000, répartis en deux établissements situés tous deux au fond de fjords de la côte sud-ouest, sur les emplacements des villes actuelles de Nuuk et Qaqortoq. Erík reste païen, mais sa femme se convertit au christianisme en même temps que la colonie devenait elle-même chrétienne. Il devient le chef suprême du Groenland, riche et respecté. Il y demeure jusqu'à sa mort à la suite d'une épidémie, vers l'an 1010, mais les derniers colons scandinaves, victimes d'un refroidissement climatique, des luttes avec les Inuits ou de la famine, disparurent du Groenland vers la fin du XIVème siècle.

Willem Barentz :

Né en 1550 au Pays Bas était un navigateur et explorateur néerlandais, pionnier des expéditions dans les eaux du Grand Nord. Il est décédé en expédition le 20 juin 1597, en Nouvelle-Zemble, Russie, après qu'il aperçut l'Île aux Ours et le Spitzberg, son bateau ayant été emprisonné dans les glaces de la mer qui porte désormais son nom.

William Baffin :

Né en 1584, mort en 1622, est un l'un des plus grands navigateurs et explorateur anglais des XVIe et XVIIème siècles. Il effectue plusieurs voyages dans l'océan Arctique et son nom a été donné à la Terre de Baffin et à la Mer de Baffin.

Nansen :

et son équipe, 6 aventuriers au total, quittent l'Islande le 3 juin 1888 pour la côte est du Groenland. Ce n'est que le 11 août, à cause des conditions météorologiques et maritimes, après avoir atteint le fjord d'Umivik, que Nansen décide que, même s'ils sont encore loin du point de départ prévu, ils doivent commencer la traversée avant que la saison ne soit trop avancée pour voyager. À Umivik, Ils prennent la direction du nord-ouest, vers Qasigiannguit sur la baie de Disko, soit à 600 kilomètres de là. Par la suite, l'équipe a du mal à faire l'ascension de l'inlandsis à cause d'une surface traîtresse avec de nombreuses crevasses cachées, d'autant que le temps est généralement peu favorable au voyage notamment à cause de violents orages. Le 26 août, Nansen conclut qu'il n'y a désormais plus aucune chance d'atteindre Qasigiannguit à la mi-septembre, période où le navire se voit obligé de partir pour éviter d'être pris par la glace. Il ordonne donc un changement de cap, presque plein ouest vers Nuuk, un voyage plus court d'au moins 150 kilomètres. L'équipe continue d'avancer jusqu'à ce que le 11 septembre, elle atteigne une altitude de 2 719 mètres, le sommet de la calotte glaciaire. À partir de là, le voyage étant en pente descendante, il devient plus aisé, malgré un terrain et un temps toujours difficiles. Le 26 septembre, les hommes parviennent à l'orée d'un fjord qui court en direction de Nuuk. Ils construisent un bateau de fortune et le 29 septembre, l'équipe commence la dernière étape du voyage, naviguant sur le fjord. Cinq jours plus tard, le 3 octobre 1888, ils atteignent Nuuk où ils sont accueillis par le représentant danois de la ville. La traversée est/ouest du Groendland a été réalisée en quarante-neuf jours et pendant tout le voyage, l'équipe a maintenu soigneusement des relevés météorologiques, géographiques et d'autres informations sur l'intérieur du Groenland, qui était jusque-là inexploré.
Nansen sait qu'aucun navire n'est susceptible de mouiller à Nuuk jusqu'au printemps suivant. Lui et son équipe passent donc les sept mois suivants au Groenland, en chassant, pêchant et étudiant la vie des habitants. Le 15 avril 1889, le navire danois Hvidbjørnen entre enfin dans le port et Nansen et ses compagnons se préparent à partir. Ce n'est pas sans tristesse que nous avons quitté ce lieu et ces gens, parmi lesquels nous nous étions si bien amusés, note Nansen.

Roald Amundsen :

Né le 16 juillet 1872, mort le 18 juin 1928- est un marin et explorateur polaire norvégien. Il est le chef de l'expédition qui, la première, atteint le pôle Sud, le 14 décembre 1911, à bord du Fram que Nansen lui a prêté, cela après être arrivé dans la baie des Baleines le 14 janvier de la même année. Après avoir survolé le pôle Nord en dirigeable en 1926, Amundsen devient le premier à avoir atteint les deux pôles. Il disparaît en juin 1928 en participant à une mission de recherche et sauvetage d'Umberto Nobile, ingénieur aéronautique et explorateur italien

Umberto Nobile et Roald Amundsen :

L'italien et le norvégien partirent le 11 mai 1926, de Milan à bord du dirigeable Norge que Nobile avait lui-même conçu. Ils atteignirent l'Alaska deux jours plus tard après avoir survolé le pôle. Ils accomplirent ainsi une traversée de plus de 5 300 km de vol ininterrompu. Ce voyage donna lieu à une controverse entre Nobile et Amundsen qui s'approprièrent tous deux le mérite de l'expédition.
Nobile revint au pôle Nord comme commandant du dirigeable Italia. Cette nouvelle expédition partit, le 15 avril 1928 de Milan pour rejoindre une base norvégienne du Svalbard. De là l'Italia partit pour le pôle Nord le 23 mai 1928. Après l'avoir rejoint, il fut dans l'impossibilité d'atterrir comme prévu en raison des mauvaises conditions climatiques. Le dirigeable entama le voyage de retour mais il s'écrasa sur la glace au cours d'une violente tempête. Dix hommes, parmi lesquels Nobile, furent projetés sur la glace pendant que le dirigeable reprenait de la hauteur emportant avec lui les autres membres de l'équipage qui disparurent sans laisser de trace. Les survivants, plus chanceux, disposaient du matériel tombé lors de l'impact de la nacelle : de la nourriture, une radio et une tente rouge qui leur permit de survivre sept semaines.
Une première expédition internationale de secours partit, et, un mois plus tard, Nobile fut sauvé par un petit avion suédois. Lorsque le pilote Liundborg revint chercher les autres membres de l'équipage, son avion s'écrasa, restant à son tour prisonnier des glaces. Au total, sept personnes de l'équipage de l'Italia périrent ainsi qu'Amundsen, qui avait pris part aux recherches. Nobile fut accusé d'avoir abandonné ses hommes, il fut contraint de démissionner puis réhabilité.

Le SAHARA

Charles de Foucauld :

Né 15 septembre 1858 à Strasbourg, et mort le 1er décembre 1916 en Sahara algérien est un officier de l'armée française devenu explorateur et géographe puis religieux catholique et linguiste. Il a été béatifié en 2005.
Il est orphelin à l'âge de six ans. Il s'oppose à la sévérité de l'internat de son lycée et décide d'abandonner toute pratique religieuse. Il obtient son baccalauréat en août 1875. Il mène alors une vie dissipée et est exclu du lycée.
En juin1876, il intègre Saint-Cyr. Son grand-père l'émancipe; il devient majeur à dix-huit ans, et peut alors jouir d'un important héritage. Il mène une vie dissolue et profite de sa fortune pour faire venir des prostituées de Paris qui défilent dans sa chambre Malgré son attitude, que beaucoup considèrent comme déplorable - il est souvent puni pour indiscipline, Charles de Foucauld est reçu à l'école de cavalerie de Saumur. Il décrit ainsi sa vision de Saint-Cyr. Tu me demandes si, en quittant Saint-Cyr, s'il faut rire ou pleurer : Foutre! Oui ! Je le sais: il faut rire, et terriblement, et furieusement, c'est effroyable: tu ne figures pas quel enfer est Saint-Cyr.
Nommé en octobre 1879 dans la Marne, il ne s'y plaît pas et demande à être muté. Charles est alors affecté en 1880 au 4ème Chasseurs d'Afrique à Pont à Mousson. C'est alors la période la plus dissolue de sa vie. Il donne des fêtes qui tournent à l'orgie. Il vit en concubinage avec Marie Cardinal, une actrice qui travaille à Paris, s'affiche avec elle, et est puni pour s'être commis en public avec une femme de mauvaise vie. Il écrit au sujet de cette période : J'étais moins un homme qu'un porc.
Il est envoyé à Sétif en Algérie française, avec son régiment, et emmène sa concubine alors que son colonel le lui a interdit. Condamné à trente jours d'arrêt, puis à la prison, pour sa conduite qui fait scandale, il est mis temporairement hors-cadre de l'armée pour indiscipline en février 1881 à l'âge de vingt-trois ans. Il demande sa réintégration qui lui est accordée quelques mois plus tard, au 4ème Chasseurs d'Afrique, acceptant de rompre avec sa concubine Il rejoint ses camarades qui combattent la tribu des Koumirs dans le Sud-Oranais. Cette campagne a marqué un tournant dans la vie de Charles de Foucauld : non seulement il a fait preuve d'un bon comportement militaire, mais s'est aussi révélé être un bon chef, soucieux de ses hommes. Cette période correspond aussi à la fin de sa vie de débauche.
Il mûrit un projet de voyage en Orient : J'aime bien mieux profiter de ma jeunesse en voyageant, de cette façon, au moins, je m'instruirai et je ne perdrai pas mon temps. Il demande un congé qui lui est refusé. Il démissionne alors de l'armée.
Charles de Foucauld s'installe à Alger dès mai 1882 et y prépare son voyage au Maroc, pays encore très mal connu. Il étudie pendant une année l'arabe et l'islam, ainsi que l'hébreu. Suivant les conseils de Mac Carthy, il rencontre le rabbin Mardochée Aby Serour qui lui propose de devenir son guide et lui dit de se faire passer pour un Juif afin de mieux passer inaperçu dans ce pays alors interdit aux chrétiens et peuplé en majorité de tribus échappant au contrôle direct du sultan.
Le voyage commence le10 juin 1883, il se fait alors appeler rabbin Joseph Aleman, cherchant à visiter la communauté juive du Maroc. Il emporte avec lui tous les instruments de travail nécessaires à son expédition : sextant, boussoles, baromètres, thermomètres, cartes et papiers qu'il dissimule sur sa mule.
Il vit comme un pauvre, suivant son guide, et faisant le sabbat. Charles et Aby Serour arrivent au Maroc et bénéficient de l'hospitalité de familles juives. Charles monte sur la terrasse pour faire ses mesures pendant qu'Aby Serour fait le guet, détournant l'attention des éventuels curieux. Devant l'impossibilité de traverser le Rif sauvage, ils prennent la route de Fès, Charles décide d'explorer l'Est avant d'aller plus au sud. Devant les craintes d'Aby Serour, Charles engage, pour assurer leur sécurité, des cavaliers et négocie dans les différents villages la protection de caïds. Ils atteignent Meknès le 23 août, puis partent vers le sud malgré les vives réticences d'Aby Serour. Pendant les trajets, Charles note, sur un minuscule cahier dissimulé dans sa manche, ses remarques et des croquis, en s'abritant des regards de ses accompagnateurs. Le soir commence un long travail pour recopier sur un cahier de plus grande taille les différentes annotations prises pendant la journée. L'expédition atteint le Haut Atlas, le col de Tizi n'Telouet ; Charles est le premier européen à explorer cette partie du Maroc. Charles est touché par la beauté des paysages, mais aussi par la piété musulmane. Il explore le Maroc jusqu'à Tissint avant de faire demi-tour devant les dangers et le manque d'argent. Abandonnant son compagnon de route, avec qui il a souvent des relations animées. Ce voyage au cour du Maroc de juin1883 à mai 1884, et la masse considérable de renseignements rapportés, notamment géographiques et ethnologiques, valent à Charles de Foucauld la médaille d'or de la Société de géographie de Paris le 9 janvier 1885. À la Sorbonne, il reçoit les palmes académiques pour son travail.
Après un séjour en France il repart pour Alger, Il décide alors de repartir dans le Sahara, où il mène une seconde expédition, s'embarquant le 14 septembre 1885 pour Alger. Il découvre une partie du Sahara et dessine de nombreux croquis de cette expédition. Il rentre en France en février 1886.
De février à octobre 1886, il loue une chambre à Paris près du domicile de sa cousine Marie de Bondy. Son attitude change et il se met à lire le Coran, et Bossuet. Il ne retrouve plus le plaisir d'antan dans les lectures coquines, qui le dégoûtent maintenant. Il mène une vie de plus en plus sobre, loin des frasques qui choquaient tant sa famille. Il travaille tout au long de l'année 1887 à la correction définitive de Reconnaissance au Maroc, qui paraît en 1888.
L'expérience au Maroc a été une révélation pour Foucauld. Il affirmera en 1901 : L'Islam a produit en moi un profond bouleversement. La vue de cette foi, de ces âmes vivant dans la continuelle présence de Dieu, m'a fait entrevoir quelque chose de plus grand et de plus vrai que les occupations mondaines. Sa méfiance vis-à-vis de la foi chrétienne s'estompe progressivement à travers les discussions avec sa cousine Marie de Bondy, au cours desquelles ils parlent religion. Marie de Bondy joue un rôle très important dans sa conversion. Il la décrit plus tard comme l'ange terrestre auquel il pourra se confier. Mais surtout, il participe à des dîners mondains qui changent sa perception de la foi. À Paris je me suis trouvé avec des personnes très intelligentes, très vertueuses et très chrétiennes. Je me suis dit que peut-être cette religion n'était pas si absurde. Charles de Foucauld exprime sa volonté de retrouver la foi. L'abbé Huvelin lui demande alors de se confesser, ce que Charles fait. Il lui donne ensuite la communion. C'est, d'après lui, une seconde révélation : Aussitôt que je crus qu'il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour Lui : ma vocation religieuse date de la même heure que ma foi : Dieu est si grand. Il y a une telle différence entre Dieu et tout ce qui n'est pas Lui. Cette conversion pousse Charles à vouloir changer radicalement de vie. Après plus de dix-huit mois d'attente et d'obéissance au père Huvelin, Charles approfondit sa vocation religieuse : il veut entrer dans un ordre qui imite la vie cachée de l'humble et pauvre ouvrier de Nazareth, se sentant indigne d'être prêtre et de prêcher. En septembre 1888, il donne sa démission de l'armée après sa dernière période de réserve et apprend avec indifférence le succès de son ouvrage Reconnaissance au Maroc, unanimement loué par le monde scientifique.
Fin 1888, sur les conseils de l'abbé Huvelin, il part pour un pèlerinage de quatre mois en Terre sainte. Il arrive le 15 décembre 1888 à Jérusalem, visite Nazareth. Il prend la décision d'entrer à la Trappe de Notre-Dame des Neiges en Ardèche. Le 18 décembre 1889, il lègue tous ses biens à sa sour. Il fait ses adieux à Marie de Bondy le 15 janvier 1890.
Il entre à la Trappe le 16 janvier 1890. Charles aime immédiatement cette vie de pauvreté, de silence, de travail et de prière. Il devient vite un exemple au sein de la Trappe par son obéissance et son humilité. Il explique à Marie de Bondy ce qu'il vit : Dans ce triste monde, nous avons au fond un bonheur que n'ont ni les saints, ni les anges, celui de souffrir avec notre Bien-Aimé, pour notre Bien-Aimé. Quelque dure que soit la vie, quelques longs que soient ces tristes jours, quelque consolante que soit la pensée de cette bonne vallée de Josaphat, ne soyons pas plus pressé que Dieu ne le veut de quitter le pied de la Croix. Sa recherche de la pauvreté se poursuit par son départ, à sa demande, pour la trappe cistercienne de Cheikhlé, la plus pauvre de l'ordre, près d'Alexandrette en Syrie, en plein territoire musulman. Il démissionne des membres réservistes de l'armée le 16 juillet 1891, puis de la Société de géographie Il explique à sa cousine Marie de Bondy sa démarche dans une lettre : Cette démarche me fait plaisir ; le 15 janvier j'ai quitté tout ce qui m'était un bien mais ils restaient en arrière ces misérables embarras, le grade, la petite fortune et cela me fait plaisir de les jeter par la fenêtre. Les interrogations de Charles s'amplifient et se portent sur la possibilité de vivre plus profondément encore la pauvreté et l'oubli de lui-même. En novembre 1895, commence le génocide des Arméniens chrétiens. Charles qui veut être au plus proche des plus pauvres découvre enfin l'intérêt de la prêtrise face aux massacres de mars 1896 celui d'être au plus près de ceux qui souffrent et des plus pauvres : point d'abri, ni d'asile, par ce froid terrible, point de pain, aucune ressource, des ennemis de toutes part, et personne pour les aider. L'abbé Huvelin le mettra en garde contre son penchant pour la mortification. Les supérieurs de la Trappe lui enjoignent de gagner l'Abbaye de Staouël en Algérie. Le 10 septembre 1896, il part pour l'Algérie. Face à la détermination de Charles, les supérieurs de la Trappe décident de l'envoyer à Rome, afin qu'il étudie en vue du sacerdoce. Charles obéit, et arrive à Rome le 27 octobre 1896. L'abbé général des trappistes est bientôt convaincu de la vocation personnelle de Charles de Foucauld et décide de le dispenser de ses voux le 23 janvier 1897. Charles de Foucauld quitte Rome le 26 février, il part alors pour la Terre Sainte où il arrive le 24 février 1897.
Charles commence un pèlerinage habillé comme un paysan palestinien. Il arrive à Nazareth le 10 mars 1897, et se présente au monastère Sainte Claire de Nazareth où il demande à être jardinier, avec pour seul salaire un morceau de pain et l'hébergement dans une cabane.
Il commence à rédiger ses méditations, pour fixer les pensées. Ce sera sa plus grande période mystique. Menant cette vie d'ascèse, Charles acquiert une réputation de sainteté auprès des Clarisses de Nazareth. Encouragé, Charles demande à être ordonné auprès du patriarche de Jérusalem. Celui-ci lui dit d'attendre. Le projet n'aboutissant pas, il se décide à se préparer au sacerdoce en France.
À la fin du mois d'août 1900, Charles s'embarque pour Marseille. Il gagne le lendemain la trappe de Notre Dame des Neiges et part pour Rome afin d'obtenir l'autorisation de devenir prêtre. Après avoir reçu les ordres mineurs, il est enfin ordonné prêtre le 9 juin de l'année suivante Il se décide alors à partir pour le désert du Sahara.
Au mois d'octobre 1901, le Père de Foucauld s'installe à Béni-Abbès, une oasis située sur la rive gauche de la Saoura, dans le Sahara occidental. Il édifie avec l'aide des soldats présents une Khaoua fraternité. Charles part en tournée d'apprivoisement. Le 13 janvier 1904, en direction du sud, vers le Hoggar. Le 1er février 1904, lui et ses compagnons arrivent à l'oasis Adrar où ils rejoignent le commandant Laperrine. Il collecte des informations sur la langue touarègue auprès des populations du sud du Sahara central et y commence la traduction des Evangiles afin de pouvoir la transmettre aux Touaregs.
Il découvre l'attitude de certains militaires coloniaux, qui le déçoit. Arrivée non loin de la frontière algérienne en cours de stabilisation, la tournée doit faire demi-tour, il rentre à Béni-Abbès le 24 janvier 1905.
Intrigué par Charles de Foucauld, le général Lyautey décide de le visiter à Béni-Abbès le 28 janvier 1905. De cette rencontre naît une amitié réciproque et une certaine admiration de Lyautey pour Charles. Au mois d'avril 1905, le commandant Laperrine prie Charles de Foucauld de repartir avec lui dans une tournée dans le Hoggar. Il participe à nouveau aux tournées d'approvisionnement. Tout en apprenant le tamahaq. Le 25 juin 1905 ils rencontrent le chef de tribu Moussa Ag Amastan qui décide de faire alliance avec l'autorité française. Charles de Foucauld et Moussa Ag Amastan se découvrent et semblent s'apprécier mutuellement. De leur rencontre naît une amitié profonde. Le Touareg autorise Charles de Foucauld à s'installer dans le Hoggar, ce qu'il fait en se dirigeant vers Tamanrasset.
Charles arrive à Tamanrasset le 13 août 1905, accompagné de Paul, un ancien esclave. Il se construit une maison en pierre et terre séchée. Charles a désormais pour objectif de mieux connaître la culture touarègue, et fait de la rédaction d'un dictionnaire touareg-français une priorité. Il aide les populations qu'il rencontre et continue à distribuer médicaments et aliments afin d'être en confiance avec eux et leur prouver que les chrétiens les aiment. Les études de Charles lui permettent de découvrir la complexité insoupçonnée de la langue et de la culture touarègue il finira par abandonner définitivement Béni-Abbès.
Son retour à Tamanrasset révèle le fort attachement des Touaregs à Frère Charles de Jésus où il est accueilli avec joie. Il reçoit souvent des officiers français, avec lesquels il a des échanges très fructueux malgré un climat difficile en France, lié à la Loi de séparation des Eglises et de l'Etat et la division des Français au sujet de l'Affaire Dreyfus. De juillet 1907 à Noël 1908, Charles reprend sa vie érémitique à Tamanrasset, recueillant des poésies touarègues Il n'a encore fait aucune conversion. En janvier 1908 il est malade. Lui qui distribuait des vivres est alors sauvé par les Touaregs qui lui donnent, en pleine famine, du lait de brebis. Il ne cherche plus à convertir, mais à aimer ; il écrit : Je suis ici non pour convertir d'un seul coup les Touaregs, mais pour essayer de les comprendre et les améliorer. Je suis certain que le bon Dieu accueillera au ciel ceux qui furent bons et honnêtes sans qu'ils soient catholiques romains. Il reprend et continue son travail sur la culture et la langue touarègues. Ses travaux linguistiques l'absorberont jusqu'à sa mort : rédaction d'un lexique, transcription, traduction et commentaire de poésies touarègues. Il fait une tournée d'approvisionnement avec le commandant Laperrine en septembre 1909 et découvre l'Assekrem. Il revient ensuite à Tamanrasset et y reprend sa vie habituelle. En avril 1910, il part de nouveau pour une tournée avec Laperrine. Il décide de construire, avec l'aide de soldats, un ermitage au sommet de l'Assekrem, ce qui lui permettrait de vivre à l'écart des visites et à l'abri de la chaleur de l'été saharien. Le 31 octobre 1910 Charles retourne à Tamanrasset. Entre-temps, au mois de septembre 1910, Moussa ag Amastan, fait une visite officielle en France. Charles se consacre à ses travaux sur le lexique, mais aussi à la construction de maisons en dur pour le village, entre autres pour Moussa Ag Amastan, tout en aidant au développement de l'hygiène, dont il apprend les rudiments aux Touaregs.
En juillet 1911, il part pour son ermitage dans l'Assekrem qu'il agrandit. Devant sa santé qui se détériore, il écrit son testament. Je désire être enterré au lieu même où je mourrai et y reposer jusqu'à la résurrection. J'interdis qu'on transporte mon corps, qu'on l'enlève du lieu où le bon Dieu m'aura fait achever mon pèlerinage. La fin de l'année 1912 et le début de l'année 1913 sont marqués par le développement d'une instabilité politique dans le Sahara avec des menaces de rezzous venant du Maroc, tandis que Charles achève la rédaction de son lexique touareg. Le 24 mars 1916, Djanet tombe aux mains des rezzous. Des pillards venant de Lybie veulent enlever Charles de Foucauld, espérant obtenir une rançon contre sa libération. Le 1er décembre, un Touareg connu de Charles de Foucauld permet à des Senoussistes, une confrérie musulmane qui fût un des principaux acteurs de la résistance à la colonisation dans les régions sahariennes, d'investir le fortin. L'arrivée de deux tirailleurs algériens les surprend et, dans la panique, l'adolescent auquel avait été confiée la garde de Charles de Foucauld l'abat d'une balle dans la tempe. Le soir même, les Touaregs l'enterrent à même le sol, avec les musulmans, à quelques mètres de la porte où il est mort. Il sera déplacé pour être mis dans un tombeau à El Goéla le 26 avril 1929.
Après la mort de Charles de Foucauld, ses amis Touaregs entrent en dissidence contre l'armée française, et rallient l'insurrection senoussiste, à laquelle les autorités coloniales répondent par une cruelle répression, les militaires français se livrant à des expéditions punitives : ils chassaient les troupeaux et les gens, razziaient et faisaient des prisonniers. Le procès en béatification Charles de Foucauld commence en 1927. Interrompu durant la guerre d'Algérie, il reprend ultérieurement et Foucauld est déclaré vénérable le 24 avril 2001 par Jean-Paul II, puis bienheureux le 13 novembre 2005 par Benoit XVI.

Théodore Monod :

Naturaliste de formation mais aussi de conviction, Théodore Monod était un écologiste avant la lettre. Il était protestant du courant libéral, unitarien. Il s'est également reconnu dans l'anarchisme chrétien. Né le 9 avril 1902 à Rouen et mort le 22 novembre 2000 à Versailles, c'était un scientifique naturaliste, explorateur, érudit et humaniste. Il est « le grand spécialiste français des déserts », « l'un des plus grands spécialistes du Sahara au XXe siècle » et « bon nombre de ses 1 200 publications sont considérées comme des ouvres de référence Il plaça l'humain au cour de ses pensées et de ses actions. Dans la seconde moitié du XXe siècle, il prit part aux mouvements antinucléaire, antimilitariste, non violent, de défense des Droits de l'homme, de l'animal, c'était un végétarien engagé contre la corrida, la chasse, la vivisection, etc. Il a signé le manifeste des 121 pour soutenir les insoumis durant la guerre d'Algérie.
En 1927, il est choisi pour participer à une expédition scientifique à travers le Sahara, d'Alger à Dakar via Tombouctou. En 1930, il épouse Olga Pickova, une jeune juive d'origine tchèque, avec qui il aura trois enfants. En 1934, il part pour Chinguetti à la recherche d'une mystérieuse météorite. En 1938, il s'installe avec sa famille à Dakar, où il est mobilisé en 1939 au Tchad. De retour à Dakar, il milite contre la collaboration de Vichy et le racisme nazi au travers de chroniques radiophoniques, d'octobre 1940 à octobre 1941. Ces chroniques à Radio-Dakar ont été rassemblées en 1942 dans un recueil intitulé « L'Hippopotame et le Philosophe ». Il y défend des positions fermement antiracistes, pacifistes et écologistes, qui seront censurées par le gouvernement de Vichy. Il anime un groupe lié à la France libre et accueille De Gaulle en 1944. Mais son père, resté en France, meurt à la même époque et toute la famille de sa femme est déportée : il n'y aura aucun survivant. Dans les années 1960, il manifeste contre la guerre d'Algérie. Ensuite, tout en se consacrant toujours à ses travaux et ses voyages, il jeûne chaque année devant la base militaire de Taverny, entre le 6 et le 9 août, les dates anniversaires des bombardements nucléaires de Hiroshima et Nagasaki, en protestation contre l'arme nucléaire.
Travailleur de la science et de la nature pendant plus de 70 ans, il gagne une soudaine et tardive notoriété à la fin des années 1980, à la suite de la diffusion à la télévision en 1989 du film de Karel Prokop : Le vieil homme et le désert, tourné lors d'un voyage dans l'Adrar de Mauritanie en mars 1988. L'année 1989 est aussi celle de la réédition de Méharées par les éditions Actes sud. Le dernier de ses 124 voyages aura lieu en décembre 1998, pendant 15 jours, dans son "diocèse" de l'Adrar de Mauritanie. Il était alors âgé de 96 ans.

La route de la soie

Marco Polo :

est un marchand et voyageur vénitien né en 1254 parti vers la Chine dès l'âge de 17 ans aux côtés de son père et de son oncle. Il fut le premier artisan de la connaissance de l'Extrême-Orient en Europe Il atteignit la Chine en 1274 en parcourant la Route de la soie et entra au service de l'empereur mongol Kubilaï Khan fondateur de la dynastie Yuan, achevant la conquête de la Chine en renversant la dynastie Song. Pékin devient pour la première fois la capitale de l'ensemble de la Chine. Il y séjourna pendant 17 ans, Il prit un titre dynastique, celui des Yuan. Marco Polo fut chargé de diverses missions par Kubilaï Khan, tant en Chine que dans des pays de l'océan Indien. De retour à Venise en 1295, il combattit pour Venise contre Gênes, et fut fait prisonnier, c'est alors qu'il dicta à son compagnon d'infortune, Rusticien de Pise, écrivain de romans chevaleresques, une narration de ses voyages dans les États de Kubilaï intitulée Le Devisement du monde rebaptisée plus tard Le livre des merveilles du monde qui eut un succès considérable faisant le tour des cours royales et influençant les plus grands explorateurs. Après sa libération en 1299, il épouse Donata Badoer et aura trois filles. Il se comporte désormais comme un commerçant prospère mais prudent, bien loin de l'image du grand explorateur.
Marco Polo a 15 ans lorsque son père et son oncle, négociants vénitien spécialisé dans le grand commerce avec l'Orient, reviennent en 1269 d'un long voyage en Asie centrale où ils ont rencontré l'empereur mongol Kubilaï Khan petit-fils de Gengis Khan, fondateur de l'empire mongol, le plus vaste empire contigu de tous les temps, qui leur propose le monopole de toutes les transactions commerciales entre la Chine et la Chrétienté et demande en échange l'envoi d'érudits susceptibles de transmettre à l'Orient le savoir des Latins. Ils sont porteurs dans une lettre, d'un message de sympathie et de cette demande pour le pape qui voit dans ces tribus tartares depuis 1250 un allié potentiel dans la lutte contre les musulmans qui contrôlent la route de la soie.
En 1271, avec un rôle de commerçants mais aussi d'ambassadeurs, ils quittent à nouveau Venise pour retourner en Chine et le jeune Marco les accompagne avec deux dominicains menant une mission diplomatique au nom du pape. Partant d'Ayas, Lajazzo en italien, en Cilicie, sur la Méditerranée orientale, ils traversent l'Arménie puis gagnent les régions de l'actuelle Géorgie, puis la Perse et l'Afghanistan pour parvenir en Asie centrale. Après Samarkand, la traversée du Pamir, du désert de Taklamakan conduit les trois hommes à Kachgar, point de rencontre des routes de la soie Sud et Nord, puis à Yarkand et à Khotan. Ils atteignent la première cité véritablement chinoise, Ganzhou, c'est le premier contact de Marco Polo avec la civilisation d'Extrême-Orient et avec une religion presque inconnue, le bouddhisme. Les Polo s'arrêtent une année entière à Ganzhou, où les affaires sont bien profitables. Puis, en 1275, ils parviennent à Pékin que Marco Polo baptise Cambaluc. Ils y rejoignent la Cour de l'Empereur Kubilaï Khan. Durant seize années, ils suivront l'Empereur dans les plus grandes villes et les régions les plus reculées. Kubilaï, souverain raffiné qui a rompu avec les massacres systématiques pratiqués par ses ancêtres, apprécie l'apport culturel des Vénitiens. Marco Polo maîtrise progressivement le chinois et devient diplomate. Il accomplira diverses missions pour le grand khan, tant en Chine que dans l'océan Indien : Corée, Birmanie, Sumatra, Cambodge, Viêt Nam. Il aurait même été gouverneur de la ville Yang-chou pendant trois ans.
Toutefois, Marco, son père et son oncle ont le mal du pays et prient l'Empereur de les laisser partir. Kubilaï accepte car il a besoin de faire accompagner une princesse mongole jusqu'en Iran. Les Vénitiens, fort d'une longue expérience de voyages, sont désignés pour cette escorte. Après avoir traversé Sumatra et l'Inde, ils déposent la jeune femme puis poursuivent leur route jusqu'en Italie.

Le livre des merveilles du monde :

Ecrit à une époque où les Européens ignorent tout de l'Extrême-Orient, à l'exception des marchands qui cependant, ne sortent que rarement de la route de la Soie, ce livre apporte des connaissances remarquables. Les nombreux détails géographiques qu'il contient ont pu être vérifiés par la suite. Le billet de banque initié par l'Empereur Kubilaï Khan, l'utilisation du charbon et de lunettes pour corriger la vue, sont autant de détails qui retiennent l'attention et rendent le récit vraisemblable. Pourtant, certains affirment qu'il est purement factice. Il reste somme toute vraisemblable que de nombreux détails aient été enjolivés à une époque où les récits épiques faisaient autorité et surtout, qu'en l'absence d'imprimerie, le texte a certainement été modifié par petites touches par les moines copistes. De surcroît le texte a subi de nombreuses manipulations, notamment au XVIème siècle, et le manuscrit original a été perdu. Malgré tous les débats qui peuvent se poursuivre autour du récit de Marco Polo, l'importance de ce dernier dans l'Europe du Moyen-Âge puis de la Renaissance ne fait aucun doute. Il a notamment contribué à l'établissement de nouvelles voies vers l'Orient, réduisant les passages par les caravansérails. Et c'est d'ailleurs sous l'influence de cet ouvrage que Christophe Colomb mettra les voiles vers l'ouest pour ouvrir une nouvelle route des Indes.

La République populaire de Chine :

considère Gengis Khan comme un héros national chinois. Pour justifier ce point de vue, on affirme qu'il y a plus de Mongols habitant la Chine que partout ailleurs, y compris en Mongolie. On affirme aussi que son petit-fils, Kubilaï Khan, fonda la dynastie des Yuan qui unifia la Chine. Il y a beaucoup d'euvres d'art et de littérature le louant comme un grand chef militaire et un génie politique. En tout cas, les Mongols ont laissé des traces importantes et durables, quoique discutables, sur les structures sociales et politiques chinoises.


Le marquis de Lafayette

Un sacré personnage, ce marquis de La Fayette. Né en Auvergne en 1757, il n'a que 19 ans lorsqu'il embarque, en 1777, sur la Victoire, une frégate affrétée à ses frais, pour aller rejoindre l'Amérique, malgré l'opposition de sa famille. Comme d'autres jeunes nobles européens, il prend fait et cause pour les insurgés américains qui ont proclamé unilatéralement leur indépendance.

Devenu un proche de George Washington, il témoigne au combat d'une grande bravoure. Revenu en France pendant quelques mois, il repasse en 1780 de l'autre côté de l'Atlantique à bord de l'Hermione pour combattre aux côtés des insurgés, participant ainsi à la victoire décisive de Yorktown, un an plus tard.
Puis il jouera un rôle moteur dans les nombreux revirements de l'actualité politique française de son époque.

Fils d'Auvergne, Gilbert Motier, futur marquis de La Fayette, est né le 6 septembre 1757 à Chavaniac, entre Brioude et Le Puy.

Bienvenue au Château de Chavaniac. Aujourd'hui, l'esprit et le cour de LAFAYETTE sont plus que jamais présents dans cette demeure où des voix vous font remonter le temps, et des lumières vous guident jusqu'au coeur de ce château, dans la chambre natale où le Marquis vit le jour.

« Chavaniac est pour moi un temple qui réunit les objets sacrés selon mon coeur » Lafayette.

Vue exterieure

Les jardins du chateau

Les drapeaux américains et français flottent

Salle de la Haute Loire

Salle des philosophes

Chambre natale

Les murs vous racontent l'histoire de sa vie, son enfance heureuse à Chavaniac, son mariage avec Adrienne de Noailles où comme pour une pièce de théâtre, le décor a été planté, et les personnages réunis pour mettre en scène ce grand événement.

Le marquis Gilbert Motier de La Fayette demeure après plus de deux siècles le principal trait d'union entre la France et les États-Unis.

Un jeune homme plein d'audace.

Gilbert Motier, futur marquis de La Fayette, rencontre en secret Benjamin Franklin, venu plaider à Versailles la cause des Insurgents américains et, malgré l'opposition de sa famille, quitte l'armée et décide de rejoindre l'Amérique. Il a 19 ans quand il embarque le 17 avril 1777 sur la Victoire, une frégate affrétée à ses frais, grâce à une avance sur sa fortune.
Un an plus tôt, les Insurgents ont proclamé unilatéralement leur indépendance. Comme La Fayette, beaucoup de jeunes nobles européens ont pris fait et cause pour eux.
La Fayette reçoit le grade de major général et devient le proche collaborateur et l'ami du commandant en chef George Washington. Il considère celui-ci comme un père. il va témoigner au combat d'une bravoure et d'un professionnalisme .hors du commun.
Au printemps 1779, il revient en France, où il plaide la cause de l'insurrection. Accédant à sa demande, le roi Louis XVI envoie un corps de 6 000 hommes outre-Atlantique sous le commandement du général de Rochambeau, avec le concours de la flotte du chef d'escadre François de Grasse.

Mais son rôle historique ne se résume pas à ses années de jeunesse passées à combattre aux côtés des « Insurgents » américains. Il a aussi joué un rôle moteur dans les débuts de la Révolution française et à nouveau dans la révolution des Trois Glorieuses qui vit le remplacement de Charles X par Louis-Philippe 1er à la tête de la France.
Lorsque survient la Révolution, La Fayette est élu député de la noblesse de Riom aux états généraux. Le 15 juillet, il prend la tête de la garde nationale et, deux jours plus tard, invite ses troupes à arborer une cocarde tricolore. Mais lorsque les Parisiens vont chercher le roi à Versailles le 5 octobre 1789, il se montre maladroit dans la défense du château.
Le marquis de La Fayette, surnommé « Héros des Deux Mondes », tient son heure de gloire le 14 juillet 1790, à l'occasion de la Fête de la Fédération, quand il prête serment devant le roi au nom de la garde nationale. Son étoile se ternit lorsque le roi et sa famille tentent de s'enfuir et sont rattrapés à Varennes le 21 juin 1791.
Après la chute de la monarchie, le général de La Fayette, menacé d'arrestation, prend la fuite avec une partie de son état-major. Il est incarcéré par les Autrichiens qui ne goûtent pas particulièrement ses gestes révolutionnaires. Libéré cinq ans plus tard, il se tient à l'écart de la vie politique jusqu'à la chute de l'Empire, en 1814. En 1818, sous le règne de Louis XVIII, La Fayette, encore auréolé par son passé américain et révolutionnaire malgré la soixantaine bien sonnée, se fait élire député de la Sarthe. Lorsque la révolution des Trois Glorieuses chasse Charles X du pouvoir, La Fayette retrouve à près de 73 ans le commandement de la garde nationale. Le 31 juillet 1830, il accueille à l'Hôtel de ville de Paris le duc Louis-Philippe d'Orléans, comme lui un noble libéral attaché à la Révolution. Le « Héros des Deux Mondes » convainc les insurgés parisiens de le porter sur le trône comme roi des Français en le présentant comme la « meilleure des républiques »...

A bord de l'Hermione en 1780 :

La Fayette devance le corps expéditionnaire. Le 21 mars 1780, il embarque à Rochefort-sur-mer sur la frégate L'Hermione que lui a donnée le roi. À la tête des troupes de Virginie, il harcèle l'armée anglaise de lord Cornwallis et fait sa jonction avec les troupes de Washington et Rochambeau. C'est ainsi que les alliés franco-américains remportent la victoire décisive de Yorktown le 17 octobre 1781.
Convaincu que la cause des insurgés américains est noble, il s'engage dans leur guerre révolutionnaire des 1777, à la recherche de la gloire. Nommé général par George Washington à l'âge de 19 ans, La Fayette joue un rôle décisif aux côtés des Américains dans leur guerre d'indépendance contre le pouvoir colonial britannique et en particulier lors de la victoire de Yorktown le 19 octobre 1781.

L'Hermione d'origine est un navire de guerre français ayant vogué sur les mers de 1779 à 1793.
Sa réplique est identique à celle d'origine, tant au niveau de sa conception que de son apparence

La réplique de l'Hermione a éffectuée une tournée triomphale aux États-Unis d'avril à juillet 2015.
La frégate a traversé l'Atlantique 17 ans après le début de sa construction portée par un vaste projet participatif.

L'Hermione passède deux cloches. Elles servaient et servent encore à informer l'équipage.
La grosse cloche annonce les repas. La petite est la cloche de quart.

Les voyages de la réplique de l'Hermione :

Après les Amériques en 2015, la Bretagne en 2016 et la Méditerranée en 2018, L'Hermione a commencé son 4e voyage le 04 avril 2019, à 4h du matin au départ de Rochefort. La réplique de la frégate de Lafayette a voyagé autour du thème « Normandie Liberté » à l'occasion du 75e anniversaire du débarquement de Normandie. Plusieurs escales et de nombreux temps forts ont animé la navigation de L'Hermione.
Ce « Normandie Liberté » a permis de clore le tour de France des grands ports et de remercier tous les français qui ont soutenu ce projet titanesque de reconstruction.

La liberté au coeur du Voyage 2019 :

L'année 2019 est le 75 ème anniversaire du débarquement allié en France. L'Hermione, frégate de la liberté et symbole de l'amitié franco-américaine, s'inscrit dans cette continuité historique autour des valeurs de liberté, de courage, d'entraide et de solidarité telles qu'elles se sont s'est exprimées à l'époque sur les plages normandes.
Une longue escale à l'Armada de la Liberté à Rouen :
L'association Hermione Lafayette a choisi Cherbourg-en-Cotentin et le Cotentin pour effectuer la première escale de son nouveau voyage, et la première en Normandie, du 6 au 8 mai 2019 dans le bassin du Commerce en plein coeur de la ville. Du 14 au 17 mai Ouistreham Riva-Bella, port situé au cour des plages du débarquement, marque un moment fort avec un passage sur le Canal de Caen et un salut aux grands sites historiques de la Seconde guerre mondiale : Pegasus Bridge et le château de Bénouville.
L'évènement Débord de Loire : un rassemblement nautique et culturel.
Les deux grands ports de la région Pays de la Loire, Saint-Nazaire et Nantes accueillent L'Hermione lors d'un événement nautique et culturel d'exception, la seconde édition de Débord de Loire, du 23 au 27 mai. Pendant deux jours, du jeudi 23 au samedi 25 matin, L'Hermione, amarrée au coeur de la ville de Saint-Nazaire à quelques mètres de l'ancienne base sous-marine et a été ouverte aux visites publiques.
Saint-Nazaire fut un port stratégique de la première et seconde guerre mondiale.
De Saint-Nazaire à Nantes, grands navires, vieux gréements, bateaux contemporains et innovants, petites unités de loisir et sportives, bateaux de travail, voiliers de course ont paradé aux côtés de L'Hermione pour un ballet nautique inédit sur la Loire, le samedi 25 mai.
D'un grand fleuve à l'autre, L'Hermione a mis le cap sur le port fluvial de Rives-en-Seine dans les boucles de la Seine durant deux jours d'escale.
L'Armada de la liberté à Rouen, une escale d'exception pour clôturer le tour de France.
Rouen comme point d'orgue de ce Voyage 2019, accueille l'Hermione pendant l'Armada de la Liberté. Rassemblement maritime des plus grands voiliers du monde, du 6 au 16 juin 2019. Une manifestation qui réunit plus de 30 grands navires, bâtiments militaires internationaux, grands voiliers d'État et d'école pour son 30 ème anniversaire. L'Armada de la Liberté sera marquée par la montée et la descente de la Seine sur 120 kilomètres à travers les magnifiques paysages de la Normandie.
Avec 3 millions de visiteurs à Rouen, c'est une fête unique en Europe auquel l'équipage de L'Hermione a participé avec enthousiasme pour la toute première fois.
Puis c'est Honfleur qui ajoute son charme à la fête du 17 au 19 juin.
Retour à Rochefort le 05 juillet en soirée.

Un héros romantique :

La participation de La Fayette à la guerre d'indépendance des États-Unis (1775-1783) lui a valu une immense célébrité et une place symbolique pour avoir été le trait d'union entre les Américains et la France, lui valant d'être surnommé « le héros des deux mondes ». Et ce qui fait de La Fayette le symbole du soutien français aux insurgés d'Amérique, comme ce qui en fait la figure du héros romantique qu'on en conserve, c'est son jeune âge, 19 ans, et les circonstances de son départ de France, sans l'autorisation officielle du roi, finançant le voyage de ses propres deniers.

La Fayette oeuvre également à l'émergence en France d'un pouvoir royal moderne, avant de devenir une personnalité de la Révolution française (1789) jusqu'à son émigration, son arrestation et sa mise en prison pour cinq ans en 1792. La Fayette est aussi un acteur politique majeur des débuts de la monarchie de Juillet. Surnommé le « héros des deux mondes », il est l'un des huit citoyens d'honneur des États-Unis. Il y fait d'ailleurs un retour triomphal en 1824, à l'invitation du président James Monroe, où il est accueilli et honoré dans 182 villes des 24 États que compte l'Union à cette époque. Après la révolution de 1789, La Fayette décide de signer tous ses courriers d'un « Lafayette » en un seul mot, en réaction contre le système nobiliaire. C'est aussi la graphie utilisée par ses contemporains jusqu'à sa mort.

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Porte de l'Arsenal, aussi appelée porte du Soleil.

La corderie royale.

Aux alentours de 1660, la marine française, créée par Richelieu est en mauvais état, Louis XIV charge alors Colbert d'implanter un arsenal à Rochefort. 550 navires y seront construits entre le 17 ème et le 20 ème siècle.
La Corderie royale est l'un des bâtiments les plus importants de l'arsenal. Sa construction s'acheva en juin 1669. Pendant près de deux cents ans, le bâtiment long de plus de 370 mètres fut utilisé pour réaliser les cordages de la marine royale. La longueur du bâtiment permettait la fabrication en un seul tenant de cordages pouvant atteindre une encablure, soit 182,5 mètres. On utilisait pour cela du chanvre.
Le 10 septembre 1926 est décidée la fermeture de l'arsenal de Rochefort qui, en plus d'un grand émoi au sein de la population locale, entraîne l'abandon progressif de la Corderie. Les forces d'occupation quittant la ville en 1944 incendieront la Corderie. Le feu dura plusieurs jours.
En 1967, le bâtiment fut déclaré monument historique. La ville propriétaire décida alors en 1976 de lancer des travaux de reconstruction, à l'identique pour l'extérieur.

Thomas Edward Lawrence, dit Lawrence d'Arabie

Avant-propos :

Après lecture et relecture des Sept Piliers de la sagesse, Thomas Edward Lawrence, dit Lawrence d'’Arabie, reste un personnage énigmatique qui mérite assurément le titre de personnage de légende.
Un accident du destin, en me confiant avec un humour pervers, le rôle d'un homme d'action, m'avait donné une place dans la révolte arabe.
Pour satisfaire à mon exigence de sincérité, je commançai à dissequer mes croyances et mes motifs avançant à tatons dans ma propre nuit. Cette défiance de soi mettait sur mon visage un masque.

Les passages en italiques sont des citations des Sept Piliers.

La gare du Hedjaz trone à Damas à quelques pas de la mosquée des Omeyades. A présent désafectée, elle sert de musée, on peut y voir des photos du chemin de fer du Hedjaz qui avait une importance statégique. Construit avec l'aide de l'Allemagne, il partait de Constantinople et desservait Alep, Damas, Amman et Médine. Il était prévu qu’il aille jusqu’à La Mecque.

Thomas Edward Lawrence, dit Lawrence d'’Arabie, né au Pays de Galles le 16 août 1888 et mort le 19 mai 1935, est un archéologue, officier, aventurier, espion et écrivain britannique. T. E. L. accéda à la notoriété en tant qu’officier de liaison britannique durant la Révolte arabe de 1916 à 1918. L’écho que connut son action pendant ces années est dû tant aux reportages du journaliste américain Lowell Thomas qu’à son autobiographie, Les Sept Piliers de la sagesse. Les Britanniques le considèrent comme un de leurs plus grands héros militaires.
Lawrence d’Arabie, le film réalisé par David Lean en 1962 avec Peter O'Toole dans le rôle de Lawrence, a rencontré un immense succès et remporté sept oscars.
Les Sept Piliers de la sagesse est une œuvre littéraire autobiographique mettant en scène la confrontation d’un énigmatique solitaire, T.E.L. avec la vie.

En guise d’introduction cette citation de T.E.L. : Tous les hommes rêvent mais pas de la même façon. Ceux qui rêvent la nuit dans les recoins poussiéreux de leur esprit s’éveillent au jour pour découvrir que ce n’était que vanité, mais les rêveurs du jour sont des hommes dangereux, car ils peuvent jouer leur rêve les yeux ouverts pour le rendre possible. C’est ce que j’ai fait.

Je voulais bâtir une nouvelle nation, restaurer une influence disparue, donner à vingt millions de Sémites les fondations sur lesquelles édifier un palais inspiré de leurs pensées nationales.
Pendant la Première Guerre mondiale, T.E.L., officier de renseignements du Royaume-Uni en poste à la surveillance du canal de Suez, conseille les Arabes du chérif Fayçal ibn Hussein de se révolter contre les Turcs de l'Empire ottoman pour fonder une nation arabe indépendante et moderne.
Les anglais pensaient qu’une révolte des Arabes contre l’empire Ottoman allié de l’Allemagne dans la guerre de 14/18, permettrait à l’Angleterre de vaincre plus facilement. Entre octobre 1916 et octobre 1918, à la tête d’une masse désordonnée de bédouins qu’il sut organiser en troupes semi-régulières, T.E.L libéra du joug ottoman les peuples du Moyen-Orient. Pourtant il minimise son rôle.
Ce fut une guerre arabe menée et dirigée par des arabes pour servir en Arabie une cause arabe, mon propre rôle fut mineur.
Parfaitement francophone, T.E.L. aimait la France et la détestait aussi à cause du mandat français sur la Syrie et le Liban ainsi que pour d’autres raisons. Il a passé une partie de son enfance à Dinard ou il fréquenta de 1891 à 1894 l’école Sainte-Marie. Il a parcouru des milliers de km en vélo de 1906 à 1910, pour visiter des forteresses médiévales française. Il avait acquis une très bonne connaissance architecturale littéraire et géographique de la France. Il fit ses études à Oxford, il était passionné d’archéologie. Il s’intéressait à l’histoire des croisades et explora la Syrie à partir de 1910 ou il visita les châteaux des croisés. Il participa aux fouilles des ruines médiévales sur le site de Karkemish, aujourd’hui territoire turc. Karkemish se trouve à 100 km au nord-est d’Alep, sur les hauteurs de la rive ouest de l’Euphrate à un km des chantiers de la ligne de chemin de fer du Hedjaz en cours de construction sous la direction d’ingénieurs allemands.

C’est à Karkemish que T.E.L. rencontra Dahoum qu’il reconnu comme son
âme sœur heureuse de partager avec lui dangers et épreuves. Dahoum était un garçon bien bâti et remarquablement beau, d’environ quinze ans, T.E.L. en avait vingt-cinq.
Il devint son ami arabe le plus intime. Les Arabes toléraient le scandale de leur amitié, même quand en 1913, les fouilles terminées, T.E.L. resta sur place, vécut avec Dahoum et le fit servir de modèle pour une étrange silhouette accroupie qu’il sculpta dans le tendre calcaire du pays. Dahoum est mort peu avant l’entrée de T.E.L. dans Damas, en septembre 1918, de la fièvre typhoïde.
Ecrivant au début des années vingt Les Sept Piliers de la sagesse, T.E.L. se souvient :
Nous arrivâmes à des ruines romaines, vestiges d’un palais du désert. Mes guides, humant l’air comme des chiens, me conduisaient d’une salle croulante à l’autre en disant : Sens le jasmin, sens la rose. Mais Dahoum enfin me prit à l’écart : Viens sentir le plus doux des parfums de tous, et nous entrâmes dans le bâtiment principal et la nous bûmes à grandes goulées le vent du désert, sans effort, vide et sans remous qui venait palpiter là.

En mai 1914, quand T.E.L. revint en Angleterre pour un court séjour, Dahoum l’accompagnait.
Ces précisions sur S.A., Sheik Ahmed, alias Dahoum, sont nécessaires à la compréhension de la dédicace des Sept Piliers :

À S. A.
Je t’aimais, alors j’ai attiré dans mes mains ces flots d’hommes
Et dans le ciel j’ai tracé ma volonté en étoiles
Pour te gagner la liberté, la noble maison aux sept piliers,
Pour que ton regard brille devant moi
En nous voyant arriver.
La mort sur la route semblait ma servante, puis en approchant
Nous t’avons vu qui attendais :
Alors tu as souri, et avec une envie teintée de tristesse elle m’a dépassé
Et t’a pris à l’écart
T’entraînant dans son repos.
L’amour, fatigué par la course, cherchait à tâtons ton corps, salaire fugitif
Qui n’était nôtre qu’un instant
Avant que la douce main de la terre n’explore ta forme et que les vers aveugles
Ne s’engraissent
De ta substance.
Des hommes m’ont supplié de planter le décor de notre œuvre, la maison inviolée
En souvenir de toi.
Mais pour que le moment soit digne de toi, je l’ai fracassé, inachevé : et à présent
Les petites créatures sortent en rampant pour se façonner des masures
Dans l’ombre saccagé
De ton offrande.

Nécessaires aussi pour comprendre le premier alinéa de l’épilogue :
Damas, quand je débarquai en Arabie, ne semblait pas un fourreau pour mon épée. Mais sa prise révéla la mort des motifs principaux qui m’avaient fait agir. Le plus puissant d’un bout à l’autre, avait été un motif personnel que je n’ai mentionné ici, mais qui me fut présent, je pense, à chaque heure de ces deux années. En ces jours de lutte, les douleurs et les joies culminèrent comme des tours ; mais, fluide comme l’air, cette pulsion secrète revint sans cesse, presque jusqu’à la fin. Ce motif là était mort avant que nous eussions atteint Damas.
À une personne qui l’interrogeait T.E.L. répondit :
S.A. était une personne, morte maintenant, et mon respect pour les peuples arabes reposait sur celui que je lui portais.

Après la guerre T.E.L. fut attaché à la délégation britannique durant la conférence de la paix. En 1921 il fut nommé conseiller du secrétaire aux colonies Winston Churchill pour les affaires arabes. En cette qualité, il assista silencieux à la conférence du Caire qui se déroula du 12 au 22 mars 1922, et passa plus tard quelques mois en Palestine. En 1922, il donna sa démission de ces fonctions et s’engagea comme simple soldat, dans la Royal Air Force, sous le nom de John Hume Ross.

Honnêtement, je ne pourrais vous dire exactement pourquoi je me suis engagé. Bien que la nuit qui ait précédé, j’avais l’impression d’être un criminel attendant le jour, je me sois levé pour écrire toutes les raisons que je pouvais apercevoir ou éprouver en moi de le faire. Mais elles se sont réduites à peu de choses en dehors du fait que c’était une démarche nécessaire que m’imposait une aspiration vers un nivellement ; un espoir insensé de me trouver avec d’autres hommes sur un terrain commun ; un peu le désir de me faire un peu plus humain que je ne l’étais devenu ; un besoin qui me démangeait de devenir un homme ordinaire dans la foule de mes semblables ; et puis je suis fauché. Voila autant de raisons : mais à moins de les ajouter les une aux autres, elles sont trop pauvres pour rien expliquer. J’ai souhaité m’engager et voila tout ; et je suis encore content parfois de l’avoir fait. Cela va être une période de sommeil cérébral, et j’en sortirai moins singulier que je n’y suis entré ; moins singulier du moins aux yeux des hommes. L’obéissance était pour moi une économie de pensée toujours douloureuse, elle mettait en veilleuse le caractère et la volonté, me menait sans effort à l’oubli de l’action. Mon échec vint en partie de n’avoir jamais trouvé un chef qui m’utilisât. Tous, par incapacité, crainte ou affection me laissèrent trop souvent les mains libres ; ils semblaient ne pas voir que l’esclavage volontaire est l’orgueil le plus profond d’un esprit morbide et la souffrance subie pour autrui sa plus joyeuse récompense.

Quatre mois après l’engagement de T.E.L., le 27 décembre 1922, le Daily Express titre en première page : Le Roi sans couronne simple soldat. T.E.L., le célèbre héros de la guerre devient simple soldat. Il cherche la paix. Mais les révélations dans la presse conduisent le général Trenchard, commandant de la Royal Air Force, à résilier son contrat.
Trenchard m’a offert de me faire officier. J’ai dit que je ne pouvais accepter, et j’ai prié qu’on me laissât là, mais il ne pouvait faire cela, et il m’a demandé d’accepter mon congé comme définitif.
Six semaines plus tard, en aout 1925, T.E.L. s’engage dans le Royal Tank Corps sous le pseudonyme de Shaw :
J’ai choisi Shaw par hasard.
Il y demeura deux ans et demi, triste et nostalgique de la RAF, qu’il pourra finalement rejoindre après avoir discrètement fait jouer ses amitiés politiques et militaires. Il resta soldat de deuxième classe jusqu’à sa démobilisation en 1935. Douze ans d’esclavage volontaire pour le faiseur de roi. Douze ans de travestissement pour l’officier couvert de gloire devenu simple soldat. Les contradictions chez T.E.L. sont nombreuses et profondes : une grande humilité et une volonté inébranlable de s’imposer ; le goût du pouvoir et la répugnance de l’exercer directement ; une passion pour l’écriture et ses hésitations à publier le résultat ; sa volonté de passer inaperçu et son goût pour la célébrité et ses privilèges ; des ambitions personnelles et sa hantise de l’échec ; bref un homme peu en paix avec lui-même, mais lucide.
Quiconque est monté aussi haut et aussi vite que j’ai fait, quiconque a vu autant que moi les dessous des hautes sphères de ce monde, aurait quelques sujets de perdre ses ambitions et d’être dégouté des mobiles ordinaires de toute action, ceux même qui l’avaient poussé aussi longtemps qu’il n’était pas encore au sommet. Je n’étais ni roi, ni premier ministre mais je les faisais ou je jouais avec eux. Une expérience aussi anormale devait me détraquer pour de bon.
Démobilisé de la R.A.F. le 26 février 1935, à l’âge de 47 ans, il se retire dans le chalet de Clouds Hill, il écrit deux jours plus tard :

Je m’aperçois que je ne cesse de souhaiter que tombe mon propre rideau. Il me semble que j’en ai terminé.
Je voudrais oublier mes péchés et l’écœurement de ce monde. Je voudrais tant m’étendre pour mourir et dormir.

La mort, il l’a chercha avec obstination.
Lorsque mon humeur s’exacerbe et que je suis conscient de ne plus contrôler mes divagations, je sors ma motocyclette et la précipite au maximum de sa vitesse sur ces routes impraticables. Mes nerfs sont éreintés et presque morts ; alors il ne faut rien moins que des heures de danger délibérément entretenu pour qu’ils se réveillent à la vie, et cette vie qu’ils rejoignent alors est une joie mélancolique, prise à risquer quelque chose dont la valeur journalière est exactement deux shillings et neuf pence.

La pièce se prolongera un peu, comme pour lui faire éprouver le vide de la liberté. Puis ce fut le mortel accident de moto le 13 mai 1935.
Son buste, par Eric Kennington , a été placé dans la crypte de la cathédrale Saint-Paul.
Dans mon cas, les efforts menés toutes ces années pour vivre sous l’habit des Arabes et pour imiter leur pensée m’ont dépouillé de mon moi anglais et m’on fait voir d’un œil neuf l’occident et ses conventions. Ils ont tout détruit pour moi. En même temps, je ne pouvais sincèrement me mettre dans la peau d’un Arabe : ce n’était qu’affection. Il est facile de faire d’un homme un infidèle, mais c’est une toute autre affaire que de le convertir à une autre foi. J’avais abandonné une forme sans en prendre une autre et j’étais devenu comme le légendaire cercueil de Mahomet, si bien que j’éprouvais un intense sentiment de solitude et un mépris profond, non pas pour les autres hommes, mais pour ce qu’ils font.
Quelle part d’illusion, de jeu, de réalisme inspira l’action de T.E.L. L’essentiel est dans la recherche de l'idéal, dans ce besoin d’absolu. Il ne poursuivait aucun mythe, aucun Dieu, et pourtant il était mystique.

Tenant de l’affirmation plus que du raisonnement, elles exigeraient pour leur propagation la présence d’un prophète.... La ils ont vécu plus ou moins longtemps dans la méditation et le mépris des besoins corporels et ils en sont revenus avec le message construit par leur imagination pour le prêcher à leurs compagnons. Les fondateurs des trois grandes croyances de l’humanité ont suivi ce cycle. La base de toutes les croyances sémites, c’était l’idée toujours présente du mépris du monde, leur réaction viscérale contre la matière les conduisaient à prêcher le dépouillement, le renoncement, la pauvreté et la pureté née du dénuement.

Il ressent jusqu’au fond de son âme sa fascination du désert parce que dans la solitude de ces lieux il se sent libre et inspiré. Il y avait en lui, sous son orgueil, sinon de l’humilité, du moins l’angoisse d’être homme. Son mépris des exigences corporelles, son endurance physique, sa dénégation de soi furent pour lui apaisante et libératrice. Le dégoût de la propriété, de l’argent, une conscience foncière de sa culpabilité, le besoin d’absolu qui est la dernière instance de l’homme tragique, c'est ainsi qu'il saisit l'opportunité de la Révolte arabe comme un prétexte inespéré de trouver la voie de la rédemption. Il se cherche lui même et il cherche son salut.

Je m’en allai en Arabie pour rencontrer et étudier ses grands hommes. Du premier chérif de La Mecque, nous savions qu’il était âgé et que ses fils avaient reçu à Constantinople, une solide éducation turque. Je trouvai Abdullah trop habile, Ali trop propre, Zeid trop froid et je trouvai en Fayçal le chef qui possédait l’ardeur nécessaire. Il montrait un tact magistral en même temps qu’un don réel pour orienter à son gré les sentiments de ses interlocuteurs. Fayçal semblait gouverner ses hommes sans s’en rendre compte, c’était à peine s’il paraissait savoir comment il leur imposait ses opinions, c’était inné.
Au moment de la marche sur Akaba, il vient de prendre connaissance du traité secret Sykes-Picot, signé en mai 1916, qui divise le Moyen-Orient en zones d’influences entre la France et l’Angleterre, cela en contradiction avec les promesses britanniques faites aux Arabes.
Il était évident dès le début que, si nous gagnions la guerre les promesses faites aux Arabes ne seraient que chiffons de papier. Conseiller honnête, je leur aurais recommandé de rentrer chez eux et de ne pas risquer leur vie, mais je m’apaisais avec l’espoir que, en conduisant follement ces arabes jusqu’à la victoire finale, je les installerais dans une position si solide que l’opportunisme conseillerait aux grandes puissances un juste règlement de leurs revendications. Je supposais que je réussirais à battre non seulement les Turcs sur le champ de bataille, mais ma propre patrie et ses alliés aux tables de conférence. J’ai pris le risque de les tromper, convaincu que l’aide arabe était nécessaire pour nous faire obtenir en Orient une victoire rapide et à peu de frais et que mieux valait l’emporter et ne pas tenir notre parole que d’être vaincu.
Mais l’élan des Arabes était notre meilleur instrument pour gagner la guerre en Orient. Je leur assurai donc que l’Angleterre respecterait la lettre et l’esprit de sa parole. Ainsi réconfortés, ils accomplirent mille exploits : mais bien sur, au lieu d’être fier de ce que nous faisions ensemble, je ne cessai de remâcher amèrement ma honte. Nul ne prend volontiers son parti de l’imposture.

La révolte arabe avait commencé sous de faux prétextes. Pour se gagner l’appui du chérif, notre gouvernement, par le truchement de Sir Henri Mac Mahon avait proposé de soutenir l’établissement de gouvernements arabes dans certaines régions de la Syrie et de la Mésopotamie tout en sauvegardant les intérêts de notre alliée la France. Cette clause discrète cachait un traité, ignoré jusqu’à ce qu’il fut trop tard, de Mac Mahon, et donc du chéri,f et aux termes duquel la France, l’Angleterre et la Russie s’étaient mises d’accord pour annexer quelques unes des parties ainsi promises et d’installer sur tout le reste leurs zones d’influences. Ce fut de Turquie que les rumeurs concernant cette félonie atteignirent les oreilles arabes.
La guerre du Hedjaz s’était gagnée à El Ouedj. Après Akaba elle était terminée. L’armée de Fayçal après ces succès était désormais sous les ordres du général Allenby qui assurait le commandement unique, elle avait pour rôle de participer à la libération de la Syrie. La différence entre le Hedjaz et la Syrie, c’était la différence entre le désert et les terres cultivées. Nous avions trimé à labourer des déserts, à faire pousser le sentiment national dans une région imbue de la certitude divine, cet arbre empoisonné qui interdit tout espoir. Nous avions les pieds sur la frontière sud, a l’est s’étendait le désert, à l’ouest la méditerranée bordait la Syrie de Gaza à Alexandrette. Au nord elle s’arrêtait aux populations turques d’Anatolie. La nature a divisé la Syrie en zones, sa population est une mosaïque de races, de religions disparates et souvent ennemis.

T.E.L. savait que, grisées par leur victoire, les puissances alliées seront plus impérialistes qu’opportunistes. Il se sent complice de trahison envers les Arabes et cela ligotait son esprit sans lui laisser le loisir de penser. Il subit dans sa chair l’infamie de sa fraude et le sentiment de la vanité de l’action.....Tout au long de son action il vivra masqué.
Cet état de comédien, c’est le nôtre à nous tous. Il n’est possible ni d’agir ni de subir, ni de parler ni de se taire sans être complice d’un ordre du monde préétabli, étranger à l’homme.
Tout homme qui agit, qui regarde l’autre, qui voit l’autre le regarder, se heurte à son irréductible solitude. La solitude n’est ressentie que parmi la multitude. Aucun ermite ne se plaint de la solitude et n’y fait même jamais allusion. Le sentiment de solitude naît non de l’absence de compagnonnage, mais du refus, du mépris de soi-même. Mêlé à un groupe d’hommes d’action, l’homme qui se regarde est isolé par son seul regard.

L’écroulement de son rêve d’une nation arabe consacré par la conférence de la paix à Paris en 1919, à laquelle il a participé, plongera T.E.L. dans une dépression rampante. Puis il participe à la conférence du Caire qui se déroula du 12 au 22 mars 1922 :

En quelques semaines, lors de la conférence du Caire, Winston Churchill débrouilla tout l’écheveau, trouvant des solutions qui répondaient, je le pense, à la lettre et à l’esprit de nos promesses quand c’était humainement possible, sans sacrifier aucun des intérêts de l’Empire ni aucun des peuples intéressés. Nous nous retrouvions au terme de l’aventure du Proche-Orient les mains propres. Fayçal reçut en effet le trône d’Irak, Abdullah celui de Transjordanie. Aux seules exceptions de la Syrie et du Liban, placés sous mandat français, l’Arabie fut émancipée.
Ici T.E.L. oublie de dire que l'Irak, la Transjordanie ainsi que la Palestine passent sous mandat britannique.
Le résultat de cette épopée.....Après cela il n’y a pas grand-chose de mieux que je puisse faire. Je n’avais eu toute ma vie qu’une seule envie : pouvoir m’exprimer sous une forme imaginative.
Au sortir de Damas, en novembre 1918 T.E.L. ne s’est pas réadapté au monde. Il écrit à un de ses amis avant de s’embarquer pour Londres :
Je me sens comme un homme qui a brusquement abandonné un lourd fardeau, le dos lui fait mal quand il se redresse.
J’avais rêvé, à la City School d’Oxford, de forcer l’Asie à prendre la forme nouvelle qu’inexorablement le temps poussait vers nous. La Mecque devait conduire à Damas, Damas à l’Anatolie, puis à Bagdad.

En 1912, à 24 ans, T.E.L. écrit un roman, Les Sept Piliers de la sagesse. Il racontait des aventures qui se passaient dans sept cités types de l’Orient, Le Caire, Bagdad, Damas..... C’était un livre bizarre un peu farfelu. Ce livre, il le brûle en 1914, jugeant qu’il manquait de maturité. Il gardera le titre pour écrire son épopée.
Une fois engagé, en octobre 1916, il est nommé au Caire , où il travaille pour les services de renseignements militaires britanniques. il combat avec les troupes arabes sous le commandement de Fayçal ibn Hussein, un fils d'Hussein ibn Ali, chérif de La Mecque.
Il avait une véritable stratégie militaire. Il persuade notamment les Arabes de consolider leurs positions sur les côtes du Hedjaz, et de ne pas chasser tout de suite les Ottomans de Médine, forçant ainsi les Turcs à conserver de nombreuses troupes pour protéger la ville. Les Arabes harcèlent le chemin de fer du Hedjaz qui approvisionnait Médine, immobilisant davantage de troupes ottomanes pour protéger et réparer la voie et empêchant ainsi l'ennemi de disposer de renforts contre les Anglais dans le Sinaï puis en Palestine. Le 6 juillet 1917, après une audacieuse attaque terrestre indispensable selon lui pour prendre en même temps le contrôle de la voie menant d'Aqaba à Maan où stationnait une importante garnison ottomane, Aqaba, port stratégique tombe aux mains des Arabes. Un an plus tard, le 1er octobre 1918, Lawrence participe à la prise de Damas.
En 1919 il entreprend d’écrire le récit de la Révolte arabe. Mais il perd le manuscrit !!! :
On me l’a volé dans le train !!!
En 1920 il réécrit son livre mais cette seconde version ne le satisfait pas et il la brûle en 1921. Il se remet à l’ouvrage début 1922 et en juillet 1922 il en fait tirer huit exemplaires. Les Sept Piliers est une sorte de rêve transformé en épopée introspective et constitue, à l’insu de son auteur, une déchirante annonce de son renoncement. Il a aussi écrit plus de 300 recueils poétique.
Le jeune conquérant sera, treize ans durant, un anonyme soldat de deuxième classe, corvéable et soumis. Mais pour que cette abdication ait un sens, il fallait que son auteur ait conquis, sinon le monde, du moins une parcelle respectable de ce monde. On parlait encore de lui comme d’un roi sans couronne quand il portait aux cochons de la caserne leurs eaux grasses.
Il écrira un livre publié à titre posthume, sur la Royal Air Force, il y parle de gadoue, puanteur, abomination de la désolation, dont le titre est : La Matrice.
Occidental, il a revêtu des habits orientaux, Officier, il est devenu simple soldat. T.E.L. a passé travesti la plus grande partie de son existence d’adulte.

Pendant la campagne d’Arabie il va éprouver les inconvénients du travestissement lors de sa mission de reconnaissance à Deraa, siège de l’état-major turc, le 20 novembre 1917. Pendant qu’il traverse la ville, vêtu en Arabe, un sergent turc l’interpella : le bey voulait le voir. Il fut conduit dans une caserne pour y être incorporé et lavé. Puis il fut conduit dans l’appartement du bey désireux de rester seul avec lui et il lui proposa de faire ce que l’on n’ose pas appeler l’amour. Devant le refus obstiné de T.E.L. il lui fouetta le visage jusqu’au sang.
Son visage changea et il se figea sur place puis il me dit d’un ton lourd de menaces :
Tu dois bien comprendre que je sais, et ce sera plus facile pour toi si tu fais ce que je désire.


Que sait le gouverneur ? Le penchant de cet homme pour les garçons ?
A-il reconnu T.E.L. dont la tête avait été mise à prix ?
J’étais abasourdi et nous nous dévisageâmes sans rien dire.
Suit l’extraordinaire scène de la flagellation.
Je n’utilisai que l’arabe....
Le travestissement débouche ici sur la tragédie, car reconnu comme officier anglais T.E.L. n’aurait été ni battu ni violé. A-t-il été violé ? Il dit ceci :
À Derea cette nuit là, la citadelle de mon intégrité avait été à jamais perdue.
Tandis que la réalité de cet épisode est contestée par les historiens arabes modernes qui présentent le gouverneur comme un coureur de jupons insensible aux charmes masculins.
Etait-il homosexuel ? il n’existe aucune preuve qu’il y ait satisfait. C’est même peu probable en raison de ses inhibitions sensuelles, son horreur des contacts physiques :
La tête oui, le cœur parfois, le sexe certainement pas.
Je commençai par railler le vieil homme d’être à son âge aussi fou que les hommes de sa race qui considéraient notre comique méthode de reproduction non pas comme un plaisir antihygiénique, mais comme la principale affaire de l’existence. Je demandai comment on peut considérer avec plaisir des enfants, preuves incarnées de la consommation de leurs désirs.

Le royaume du Hedjaz se situait dans la péninsule arabique, en bordure de la mer rouge, face à l’Egypte et au Soudan. S’y trouvait La Mecque et Médine. Le Hedjaz fait maintenant partie de l’Arabie Saoudite.
La guerre du Hedjaz serait une lutte de derviches contre des troupes régulières si suréquipé par les allemands qu’ils en avaient presque perdu le goût de la lutte sans règle ni merci. Cette artillerie turque inspirait la terreur aux Arabes. Les bédouins sont un peuple étrange. Ils étaient dépourvus de toute énergie spirituelle, ils rêvaient pendant des semaines, avant et après leurs rares exploits sexuels et passer le reste du temps à s’exciter et à titiller leurs auditeurs avec des récits gaillards si les circonstances de la vie leur en donné l’occasion, ils auraient été d’absolus sensualistes. Leur force était celle d’hommes que la géographie a mis à l’écart de la tentation. La pauvreté de l’Arabie les avait rendus simples, continents, endurants. Si on leur avait imposé une vie de civilisés, ils auraient succombé, comme toute race sauvage, à ses maladies, à sa médiocrité, à sa luxure, à sa cruauté, à sa duplicité et à ses artifices. Et comme des sauvages ils en auraient d’autant plus souffert par manque de vaccinations. S’ils soupçonnaient que nous voulions les mener dans une direction ils montraient un entêtement de mule ou bien ils s’en allaient. Mais si nous prenions la peine de les comprendre et si nous nous donnions le mal de les tenter, alors ils s’évertuaient à vous faire plaisir.

Ce qu'en dit Winston Churchill :

Loin d’être un récit fictif, Les Sept Piliers est un livre d’action, et T.E.L. lui-même en est le héros.

Lorsque la plus grande partie de la vaste littérature de la Grande Guerre aura été reléguée et remplacée par les épitomés, commentaires et histoires de générations à venir, lorsque les opérations compliquées et vainement coûteuses des lourdes armées n’intéresseront plus que les spécialistes des questions militaires, lorsqu’on regardera nos batailles d’une perspective éloignée et dans de plus justes proportions, le récit de T.E.L. de la Révolte dans le désert brillera d’un éclat immortel.
En tant que récit de guerre et d’aventures et fresque de tout ce que représentent les Arabes dans le monde, les Sept Piliers est un livre inégalable. Il se classe parmi les plus grands ouvrages jamais écrits en langue anglaise.
Je tiens T.E.L. pour l’un des plus grands hommes de notre temps. Je n’ai jamais rencontré son pareil. J’ai bien peur que quel que soit le besoin qu’on puisse en avoir, nous ne retrouvions jamais un semblable. Le roi George V écrivit à son frère : Son nom vivra dans l’Histoire. C’est vrai ; il vivra dans la littérature anglaise ; il vivra dans les annales de la guerre.

Winston Churchill.
Impressionné par la légende de T.E.L. et par sa connaissance du Proche-Orient , Churchill l’ engage en 1921 comme conseiller pour les affaires arabes puis en septembre 1921 comme haut-commissaire de Grande-Bretagne en Transjordanie. Churchill lui restera fidèle jusqu’à la fin.



Pour en savoir plus :
La lutte pour l'indépendance arabe de Patrick Seale.
Les Sept Piliers de la sagesse de Thomas Edward Lawrence.

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